La pénurie de familles d’accueil s’aggrave encore

Ils étaient moins de 40 000 assistants familiaux, ou « familles d’accueil », en France en 2015 pour 75 000 enfants placés. La pénurie de familles d’accueil ne cesse de grandir et les départements peinent à recruter ce qui met en danger la protection de l’enfance en France.

Toujours plus d’enfants placés… et moins de familles d’accueil

L’Observatoire national de l’enfance en danger (ONED) a fait le calcul : le nombre d’enfants placés confiés à l’ASE (l’Aide sociale à l’enfance) était de 75 000 en 2015, dans le même temps les assistants familiaux, dont le métier a été professionnalisé en 2005, étaient 38 300 à accueillir des enfants alors qu’ils étaient 50 000 en 2012. Une diminution de plus de 23% en l’espace de seulement 3 ans !

L’écart se creuse d’autant plus que le nombre d’enfants placés ne cesse de grandir quand les assistants familiaux se font de plus en plus rares : en Île-de-France, sur les 650 assistants familiaux plus de 120 ont cessé leur activité sur le dernier semestre. Pire, dans une profession où les ¾ des actifs ont entre 55 et 65 ans, le renouvellement des départs en retraite ou des cessations d’activité ne peut se faire dans de bonnes conditions pour les enfants, principalement par manque de relève.

Les départements redoublent donc d’efforts pour recruter de nouvelles familles d’accueil, et pour cause le placement des enfants chez les particuliers coûte 30% moins cher qu’en établissements spécialisés, mais les conditions de travail et le manque de reconnaissance pour le métier pèsent lourd dans la balance.

Assistant familial : plus qu’un métier, une vocation

Il y a peu de métiers où les professionnels sont sur le pont 24h/24, prêts à intervenir et à gérer toutes les situations, parfois très difficiles, qui se présentent à eux. Les assistants familiaux sont de ceux-là. Ici, pas de pause : le métier se fait à la maison, 7 jours/7 et 24h/24.

La plupart des familles d’accueil héberge plusieurs enfants ou adolescents pour des durées allant de quelques jours à plusieurs années, ce qui laisse imaginer le rythme de vie intense que cela impose et à la véritable vocation que ce métier requiert.

Leur rôle : élever les enfants et les sortir du gouffre où ils ont grandi

Leur vie : accompagner, soutenir et éduquer des enfants toujours plus « écorchés » car laissés longtemps, voire trop longtemps, au sein de leur famille par manque de réactivité des services sociaux ou de la justice : entre la détection et l’action, entre procédures et économies, les enfants restent davantage au contact des problèmes familiaux et leur situation se dégrade. Placés en familles d’accueil, ces enfants présentent des problèmes liés à l’alcool, la drogue, la violence, le risque suicidaire chez les ados, la sexualité…

Enfants abandonnés, handicapés mentaux ou physiques, enfants de familles pauvres, enfants violés, battus… Les antécédents sont lourds et nombreux. Pour s’en sortir, ils doivent trouver dans leur famille d’accueil un espace de vie sain où ils pourront évoluer, grandir et s’épanouir du mieux possible. Une difficulté supplémentaire : les dossiers des enfants placés ne sont pas accessibles pour les familles d’accueil, qui doivent donc composer avec leurs observations et ce que les enfants racontent, parfois après de longs mois.

Les familles d'accueil : une vocation qui permet de sauver des vies !

Envers et contre tout, pour les enfants

L’assistant familial doit faire preuve d’une grande souplesse pour s’adapter à tous types de problèmes et être une présence forte pour les enfants : celle d’un adulte qui fixe les règles et à la fois celui sur qui on peut compter. D’un adulte qui doit regagner la confiance de ces enfants placés. C’est un exercice périlleux pour une famille qui doit parfois mettre sa vie entre parenthèses. Toutes n’y arrivent pas et certaines éclatent. D’autres encore, sentant la crise s’installer, mettent fin à leur fonction de famille d’accueil par épuisement.

Les chiffres sont là : il n’y a jamais eu autant d’arrêts maladie, d’accident du travail, de divorces, de démissions chez les assistants familiaux qu’aujourd’hui. C’est toute la profession qui par pénurie et manque de reconnaissance s’essouffle et disparaît peu à peu.

Autre point sensible : la rémunération !
Un assistant familial touchera un salaire mensuel brut de base de 1171€ pour un enfant gardé, 1854€ pour 2 enfants et 2537€ pour 3 enfants. Certains départements décident de donner davantage. En sus, ces familles d’accueil reçoivent 1€ par petit-déjeuner et goûter et 4€ par déjeuner et dîner, pour chaque enfant, afin de participer aux frais de bouche. Tout le reste est à leur charge. Le salaire tient donc plus du « dédommagement » que d’un véritable apport financier pour le foyer.

La solitude aussi pèse. Solitude envers les institutions à qui les assistants familiaux ne peuvent tout confier : si un assistant familial se plaint, on est susceptible de lui retirer les enfants. C’est la raison pour laquelle consigne est donnée de ne pas trop s’attacher : accueillir, éduquer, passer le flambeau… Voilà ce que l’on attend d’eux.
D’ailleurs on n’intègre jamais un assistant familial dans le parcours éducatif des jeunes dont il s’occupe, ni dans leur parcours de vie. Il doit uniquement s’occuper de leur bien-être et de leur éducation au quotidien, point.

Pourtant, leur rôle est indispensable pour les enfants. Ces familles sauvent littéralement des vies et c’est en cela qu’elles trouvent leur reconnaissance. Elles partagent, se donnent des conseils, se soutiennent. Oui, ces familles d’accueil sont seules mais ce qu’elles font a quelque chose d’unique, de grand !

Comment devenir assistant(e) familial(e) ?

Devenir assistant familial nécessite d’abord de faire une demande d’agrément auprès du service de Protection Maternelle et Infantile (PMI) de votre département. Vous pouvez utiliser l’annuaire officiel des PMI pour trouver le vôtre.

Après la phase d’entretiens et de visites à domicile, la décision d’agrément est notifiée au candidat. En cas de validation, ce dernier est valable 5 ans pour pouvoir accueillir au maximum 3 enfants, sauf dérogation particulière.

Vient ensuite le stage de 60h en guise de formation initiale, dans les 2 mois qui précèdent l’accueil du premier enfant.

Plus tard, l’assistant familial devra suivre une formation continue en alternance d’une durée de 18 à 24 mois dans les 3 ans qui suivent sa première signature de contrat, sauf pour les assistants familiaux qui auraient déjà un diplôme d’auxiliaire de puériculture, d’éducateur de jeunes enfants, d’éducateur spécialisé ou de puéricultrice par exemple.

Les assistants familiaux ou familles d’accueil ont également la possibilité de suivre des formations spécifiques à la protection de l’enfance pour approfondir leur expertise du sujet comme « La compréhension et l’accompagnement des troubles du comportement chez les enfants placés » ou encore « Les conduites à risques et les troubles psy chez les ados placés ».

Le documentaire à regarder : « Itinéraire d’un enfant placé » (ARTE)

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