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Accompagnement à la parentalité : qu’est-ce que c’est ?

L’accompagnement à la parentalité a pour but d’aider les parents éprouvant des difficultés à assurer l’éducation de leurs enfants. Nous pouvons tous avoir besoin un jour ou l’autre d’un tel soutien. C’est pourquoi toutes les familles peuvent en bénéficier. Mais que signifie le terme parentalité ? Comment ce nouveau concept a-t-il fait son apparition ? Quels sont les objectifs ainsi que les dispositifs mis en place pour faciliter cet accompagnement à la parentalité ? Encore une fois, il est essentiel pour les professionnels du champ social et médico-social au contact de ces familles de se former en continu afin d’adapter leurs prises en charge à l’évolution des besoins.

Il existe plusieurs définitions de la parentalité

La notion de parentalité fait son apparition dans les années 60 suite à une évolution importante des modèles familiaux ainsi que du rôle des parents. Des termes nouveaux comme famille monoparentale, famille recomposée, voient le jour. Le terme de parentalité a donc été choisi pour représenter l’élément commun de ces différentes formes parentales.

La parentalité fait l’objet de définitions multiples selon que l’on se situe dans le champ sociologique, juridique, etc. Malgré tout, chacune d’entre elles souligne le fait qu’être parent va bien au-delà de la simple fonction de géniteur. 

Nous pouvons retenir la définition du Conseil national de soutien à la parentalité qui indique que :

« La parentalité est un processus qui conjugue les différentes dimensions de la fonction parentale, matérielle, psychologique, morale, culturelle, sociale. Elle qualifie le lien entre un adulte et un enfant, quelle que soit la structure familiale dans laquelle il s’inscrit, dans le but d’assurer le soin, le développement et l’éducation de l’enfant. Cette relation adulte/enfant suppose un ensemble de fonctions, de droits et d’obligations (morales, matérielles, juridiques, éducatives, culturelles) exercées dans l’intérêt supérieur de l’enfant en vertu d’un lien prévu par le droit (autorité parentale). Elle s’inscrit dans l’environnement social et éducatif où vivent la famille et l’enfant. »

Cette notion a ainsi un caractère multidimensionnel puisqu’elle fait référence à la fois à la responsabilité morale, juridique, éducative, etc., des parents.

L’accompagnement à la parentalité évolue avec les nouvelles représentations liées à l’enfant et à la fonction parentale

L’accompagnement à la parentalité est né d’un changement des perceptions concernant l’enfant et le rôle des parents.

L’enfant prend toute sa place

Dans les années 1970, le bébé et l’enfant commencent à être considérés comme des personnes à part entière, qui ont des besoins auxquels il faut être attentifs. Les parents doivent faire preuve d’écoute, d’attention, et de respect. On comprend qu’il est important de tisser des liens parents/enfants pour que ces derniers puissent se développer correctement au niveau affectif, social, physique, etc.

De plus, la fonction de parent n’est plus considérée comme une aptitude naturelle. Au contraire, les parents ont besoin de développer des compétences pour assumer ce rôle, loin d’être évident. Les familles prennent aussi conscience de l’intérêt de se faire aider par un tiers.

Les professionnels modifient leur vision concernant les familles vulnérables

À partir des années 1950, l’enfant qui commet des délits ou qui subit des maltraitances n’est plus traité comme un coupable. Il est vu comme une victime, car les acteurs de l’accompagnement considèrent que c’est son milieu familial qui est déficient. Ils l’éloignent donc de ses parents pour le protéger. Puis, petit à petit, les professionnels observent des complications liées à la rupture du lien familial, et se rendent compte de l’importance de protéger cette relation entre le parent et son enfant. La famille n’est plus considérée comme dangereuse et responsable des difficultés, mais comme un milieu doté de compétences qu’il faut mettre en valeur. Les problèmes et la détresse des parents commencent également à être pris en compte. 

Tous ces changements vont faire émerger de nouveaux objectifs et méthodes d’intervention en matière d’accompagnement à la parentalité.

Le soutien à la parentalité revêt plusieurs objectifs

Les acteurs de l’aide à la parentalité poursuivent de nombreux buts :

Ils effectuent des missions de prévention des situations de vulnérabilité

C’est en particulier le cas avant l’arrivée d’un enfant (période délicate de la grossesse et de la naissance), à l’entrée à l’école maternelle, pendant la période de l’adolescence, et en cas de séparation des parents. Ils permettent ainsi d’éviter que les liens familiaux soient rompus, de favoriser les relations entre l’école et les parents, de prévenir d’éventuels problèmes de radicalisation dans les familles, etc.

Ils s’adressent à toutes les familles

Chacun doit pouvoir demander de l’aide sans avoir peur d’un quelconque jugement. Il peut s’agir d’une maman souffrant de dépression post-partum, de l’annonce d’un handicap au sein de la famille, etc. Tous les parents peuvent donc être concernés à un moment de leur vie.

Ils mettent en avant les compétences parentales

Grâce à la guidance parentale, les professionnels du secteur social et médico-social aident les parents à mettre en valeur les aptitudes dont ils disposent pour s’occuper au mieux de leurs enfants. Ils sont donc très impliqués dans le processus, car ce n’est pas parce qu’ils ont une représentation différente de la famille qu’ils ne sont pas de bons parents. Les professionnels prennent ainsi de la distance par rapport à leurs propres visions de la vie familiale.

Ils prennent en compte la diversité culturelle

Les professionnels travaillent avec des familles dont la culture est différente. Ils ajustent leur accompagnement en fonction des codes culturels de chacun.

L’accompagnement à la parentalité permet de limiter les inégalités sociales de santé

L’état de santé d’un enfant peut varier en fonction de la qualité de son environnement familial. Il est essentiel de prendre soin de sa santé dès l’enfance, car cela augmente ses chances de conserver un bon état physique et mental à l’âge adulte. C’est pourquoi la santé publique doit s’intéresser aux situations qui sont propices à l’exercice de la fonction parentale, et ce, dès la petite enfance.

Les parents sont les acteurs du développement de conditions bénéfiques pour la santé de leurs enfants grâce aux soins qu’ils leur procurent, à la relation affective qu’ils nourrissent avec eux, etc.

L’aide à la parentalité peut parfois empêcher la survenue de troubles du comportement, de problèmes de délinquance, de troubles alimentaires, etc. Certains parents se rendent compte qu’ils ont réellement besoin d’être pris en charge.

Il est donc important d’accompagner les familles afin que parents et enfants puissent vivre ensemble dans les meilleures conditions possibles, nouer des liens, et trouver des réponses aux diverses difficultés auxquelles ils doivent faire face. Ces pratiques professionnelles permettent de réduire les inégalités sociales de santé.

L’accompagnement à la parentalité donne lieu à de nombreux dispositifs afin d’entourer au mieux les familles, et de favoriser l’épanouissement des enfants.

L’aide à la parentalité bénéficie de dispositifs efficaces

Depuis une dizaine d’années, de nombreuses actions de soutien à la parentalité sont mises en place, et les intervenants du social et médico-social, de la santé et du monde associatif se mobilisent. En voici les principales :

Les lieux d’accueil enfants parents (LAEP)

Créés en 1996, il s’agit d’espaces où des professionnels ou bénévoles accueillent les enfants et leurs parents pour leur permettre de s’exprimer sur leurs difficultés, et d’être rassurés. Les parents peuvent aussi échanger entre eux sur leurs diverses expériences. Ces structures permettent de lutter contre l’isolement social, de prévenir les négligences ou violences parentales, de renforcer les liens parents/enfants, etc.

Les réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (REAAP)

Il ont été créés en 1999, et une charte a été élaborée afin de prévoir les pistes de travail de ces réseaux :

  • mettre en valeur les compétences parentales ;
  • tenir compte des différents modèles familiaux ;
  • faciliter les relations entre les parents et leurs enfants ;
  • créer des projets qui puissent s’inscrire sur le long terme.

Grâce au dialogue et à l’attitude bienveillante des professionnels, les parents prennent conscience de leurs aptitudes, et apprennent à les mettre en pratique auprès de leurs enfants.

Les contrats locaux d’accompagnement à la scolarité (Clas)

Il ont été institués en l’an 2000 et leur objectif est de permettre aux enfants de l’élémentaire, du collège et du lycée d’obtenir un soutien en dehors du temps scolaire pour pouvoir réussir au mieux leur scolarité (aide pour faire les devoirs, travail sur le renforcement de la confiance en soi, par exemple). Cet appui peut aussi être proposé aux parents afin de faciliter les relations entre la famille et l’école (aider les parents à suivre le travail que fait leur enfant en classe, leur expliquer comment fonctionne l’école, etc.).

La médiation familiale

Il s’agit d’un lieu où chacun peut exprimer ses conflits familiaux (divorce, conflits entre les parents et les grands-parents, etc.). La médiation familiale met en avant les compétences parentales, et incite les personnes à trouver elles-mêmes les solutions à leurs problèmes.

Les espaces de rencontre

Ils ont été mis en place pour les parents qui ne disposent pas d’un droit de visite à domicile ou d’un droit d’hébergement. Des rencontres entre le parent et son enfant sont organisées dans ces espaces, sous le contrôle d’un éducateur spécialisé.

Les Points info famille

Ils ont été créés en 2003 pour permettre aux familles d’être orientées plus facilement vers les structures pouvant répondre à leurs besoins et attentes.

Il existe encore bien d’autres dispositifs d’accompagnement. Nous pouvons citer, par exemple, la protection maternelle et infantile (PMI), le service d’accompagnement et de soutien à la parentalité (Sasp) qui accompagne les personnes en situation de handicap dans leur projet de devenir parents.

Nous l’avons vu, l’accompagnement à la parentalité est particulièrement crucial dès la petite enfance, car il permet notamment de réduire les inégalités sociales de santé et de permettre à l’enfant de se construire une vie d’adulte dans laquelle il sera en bonne santé physique et mentale.

Les professionnels de la petite enfance travaillant dans les crèches (auxiliaires de puériculture, éducateurs de jeunes enfants, etc.) sont donc particulièrement concernés.

L’accompagnement à la parentalité existe aussi en crèche

Le soutien à la parentalité peut également faire partie des pratiques professionnelles des intervenants en crèche.

Cela signifie que les professionnels accompagnent l’enfant, mais peuvent également soutenir les parents qui en éprouvent le besoin et en font la demande. Cela passe notamment par leur mise en confiance, notamment lorsque c’est la première fois qu’ils laissent leur bébé à garder. Cette étape est plus ou moins compliquée. Certains parents sont sans crainte, alors que pour d’autres l’adaptation requiert plus de temps, surtout si la maman allaite, a une grosse angoisse de séparation, etc. Un travail doit se faire avec toute la famille. L’enfant sera de toute façon plus épanoui à la crèche s’il sent que ses parents sont sereins lorsqu’ils le déposent.

La psychologue ou l’éducatrice de jeunes enfants peut également favoriser la mise en place de cet accompagnement si le bébé rencontre des difficultés (il pleure tout le temps, ne mange pas, etc.). Mais dans tous les cas, parents et professionnels travaillent main dans la main.

Les professionnels doivent donc être attentifs aux besoins de la famille, respecter son mode d’éducation, créer une vraie relation, et faire en sorte que le parent se sente bien dans ce milieu (lui permettre d’accompagner son enfant jusqu’à son espace de jeu, par exemple).

Le champ de la protection de l’enfance est particulièrement concerné par l’aide à la parentalité

Les professionnels sont amenés à accompagner les parents suite à une information préoccupante, c’est-à-dire une alerte sur un mineur susceptible d’être en danger ou victime de négligences (anciennement signalement).

L’action éducative à domicile (AED) permet d’apporter une aide éducative et matérielle aux familles. Les professionnels ne peuvent intervenir qu’avec l’accord des parents. Ils déterminent ensemble les différentes actions à mener.

L’action éducative en milieu ouvert (AEMO), quant à elle, est une mesure imposée par le juge des enfants en protection de l’enfance. Un travailleur social intervient alors au domicile de la famille pour travailler à la fois avec l’enfant et ses parents. L’objectif est de permettre à l’enfant de continuer à vivre avec sa famille (en analysant comment les parents répondent aux besoins de leur enfant, comment le mineur se développe, etc.) et de tisser de nouveaux liens familiaux.

Lorsqu’il y a placement de l’enfant, les institutions doivent continuer à travailler sur la parentalité. Comme cela est encore parfois peu pratiqué, certains professionnels travaillant dans les foyers d’aide sociale à l’enfance sont formés afin de développer cet accompagnement dans leurs services. 

Dans la guidance parentale, nous constatons ainsi un aspect préventif, mais également une prise en charge plus soutenue et judiciarisée.

Que l’accompagnement à la parentalité ait lieu à la crèche, dans le domaine de la protection de l’enfance, au sein des réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents, etc., son efficacité est conditionnée par le respect de certaines conditions.

Un accompagnement à la parentalité réussi nécessite la prise en compte de certains critères

Pour accompagner efficacement les parents dans leur rôle éducatif, il est important que les professionnels apprennent à œuvrer ensemble.

Les professionnels doivent travailler en réseau

Dans certains territoires, des problèmes de coordination sont constatés entre les différents acteurs du secteur social, médico-social, et sanitaire. Il faut donc faciliter une dynamique d’échanges entre les différents secteurs, car la parentalité fait l’objet d’un traitement transdisciplinaire. Chacun doit travailler en partenariat pour mettre en place des actions communes, et faciliter la cohérence ainsi que la continuité de l’accompagnement.

La formation continue reste le facteur essentiel à un bon accompagnement

Les acteurs du social et médico-social sont souvent en première ligne pour mettre en place des actions d’aide à la parentalité. Ils sont parfois confrontés à des problématiques complexes, des publics extrêmement vulnérables. Ils doivent trouver des solutions en urgence, et qui répondent efficacement aux besoins.

Il est donc primordial qu’ils puissent se former régulièrement afin d’élargir leurs compétences, et d’apprendre à ajuster leurs accompagnements en fonction des publics avec lesquels ils travaillent.

Chez Epsilon Melia, nous avons conscience des situations compliquées auxquelles les professionnels doivent souvent faire face. C’est pourquoi nous leur proposons plusieurs formations continues sur 2 ou 3 jours pour les aider à comprendre les différentes problématiques pouvant altérer la fonction de parent, et à adapter leur accompagnement selon les situations familiales : prise en compte de la diversité culturelle, guidance parentale, étude des nouveaux modèles familiaux, parentalité et troubles psychiques, parentalité et handicap, place des pères au sein de l’institution, etc.

Nous intervenons dans toute la France, mais aussi dans certains pays francophones.

Si vous avez besoin de renseignements complémentaires ou de conseils concernant le choix de votre formation sur l’accompagnement à la parentalité, nous restons à votre disposition pour en discuter.

Nous remercions Pascale Gasparini et Delphine Guillaume, psychologues cliniciennes et intervenantes pour Epsilon Melia, pour les éléments pertinents qu’elles nous ont apportés sur ce thème.