Comprendre les représentations de la mort chez l’enfant
La manière dont un enfant perçoit et réagit face à la mort varie en fonction de son âge et de son développement. Chaque étape de son évolution s’accompagne d’une compréhension singulière du concept de mort. Par exemple :
- Le tout petit et l’angoisse de séparation : l’absence est ressentie comme une séparation, sans compréhension du caractère définitif de la mort.
- Entre 3 et 5 ans : à cette période, la mort est perçue comme temporaire, l’enfant imaginant souvent un retour possible du défunt.
- Entre 5 et 10 ans : l’enfant réalise petit à petit qu’il peut mourir et que cela peut aussi concerner sa famille. Il comprend que la mort est éternelle même s’il ne perçoit pas encore pourquoi les personnes finissent par mourir. C’est parfois avec la perte d’un animal qu’il en prend conscience. Cela peut engendrer des peurs : l’enfant peut craindre que la mort d’un proche ne l’atteigne, lui aussi. Ou bien il peut avoir l’impression que c’est de sa faute s’il voit que son entourage ressent du mal-être.
- À partir de 10 ans : l’enfant a conscience que tout le monde finit par mourir un jour. Il va se poser beaucoup de questions et essayer de comprendre pourquoi la mort ne peut être évitée (maladie, vieillesse, etc.). Il se rend compte qu’il n’existe aucun moyen de s’en protéger.
Une diversité de réactions émotionnelles et comportementales
Les émotions suscitées par le deuil sont multiples et propres à chaque enfant. Certaines manifestations, comme la tristesse ou l’angoisse, sont attendues, tandis que d’autres, telles que l’absence de réaction apparente ou la colère, traduisent une adaptation individuelle à la situation. Ces réactions doivent être accueillies et intégrées dans une approche globale visant à restaurer un sentiment de sécurité.
La peur de l’abandon
En premier lieu, l’enfant dont le parent est décédé va ressentir un fort sentiment d’insécurité. Il peut se demander qui va pouvoir s’occuper de lui, surtout s’il n’avait qu’un parent.
Il est aussi possible qu’il ait très peur de perdre son autre parent, et de se retrouver seul.
Le déni
L’enfant ne parvient pas à faire face à la perte du parent, cela le fait tellement souffrir qu’il essaie de mettre sa douleur à distance en se comportant comme si son parent était toujours à ses côtés.
Une profonde angoisse
En étant confronté au décès d’un parent, l’enfant peut ressentir une forte anxiété à l’idée de perdre d’autres personnes qu’il aime, et de mourir, lui aussi.
La colère
Il arrive que l’enfant ressente une grande injustice face au décès de son père ou de sa mère. Il ne comprend pas pourquoi cela lui arrive, et peut devenir agressif envers lui-même ou envers les autres. Il peut même s’en prendre au parent survivant et défier son autorité. Ce comportement a souvent pour but de tester l’amour que ce parent a pour lui. Parfois, il montre également sa colère envers le défunt, car il considère que celui-ci l’a abandonné.
La culpabilité
Lorsque l’enfant est trop jeune pour se rendre compte que la mort est définitive, il peut se sentir responsable de l’absence de sa mère ou de son père. Il pense que son parent est parti parce qu’il n’était pas assez sage.
L’absence de réaction
Parfois, face au deuil de son parent, l’enfant ne montre pas sa tristesse, il semble indifférent. Ce type de réaction ne signifie absolument pas qu’il n’accorde aucune importance au décès de son parent, mais qu’il tente de se protéger face à cet évènement qui lui est insupportable. Il se forge une sorte de carapace pour essayer de mettre sa douleur à distance. En cachant sa tristesse, l’enfant peut aussi vouloir préserver le parent qui reste, et qui est dévasté.
D’autres réactions peuvent survenir, et sont assez fréquentes : des troubles alimentaires, une régression, des troubles du comportement (hyperactivité, par exemple), etc.
Comment accompagner et soutenir l’enfant ?
Accompagner un enfant face à la mort d’un parent nécessite de prendre en compte non seulement ses besoins spécifiques, mais aussi ceux de son entourage. En effet, la capacité de la famille à verbaliser, comprendre et intégrer le deuil joue un rôle déterminant. Les travailleurs sociaux ont ainsi pour mission d’intervenir dans une dynamique d’ensemble :
- Encourager la communication ouverte : Éviter les non-dits et aider les familles à expliquer clairement la situation.
- Soutenir l’enfant dans l’expression de ses émotions : Offrir un espace sécurisé pour verbaliser ses ressentis et apaiser d’éventuels sentiments de culpabilité ou de colère.
- Travailler avec le parent survivant : L’aider à trouver des repères pour accompagner son enfant tout en gérant sa propre douleur.
Former les professionnels pour une réponse adaptée
Pour les professionnels du social et médico-social, ces situations peuvent représenter un défi, tant émotionnel que technique. La formation continue est un levier essentiel pour leur permettre de développer des outils d’accompagnement ajustés et de maintenir une juste distance professionnelle.
Chez Epsilon Mélia, nous proposons une formation spécifique sur deux jours, axée sur la parole autour de la mort et les pratiques professionnelles adaptées aux enfants endeuillés. L’objectif est d’outiller les professionnels pour mieux comprendre les besoins des enfants et les dynamiques familiales qui les entourent, tout en prenant soin de leur propre équilibre émotionnel.
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