Nous l’avons vu, l’entretien motivationnel est indiqué dans les cas où une personne fait preuve d’ambivalence face à des sentiments, des comportements qui posent problème.
Quand une personne est ambivalente, cela signifie qu’elle hésite à faire un choix, elle ne parvient pas à se décider à agir. D’un côté, elle en a envie, mais de l’autre elle freine des quatre fers.
Par exemple, quand une personne boit, elle peut avoir conscience des dangers que cela implique pour sa santé et son entourage, mais elle sait aussi que boire lui procure un soulagement ponctuel qu’elle a peur de perdre.
Le patient adopte diverses attitudes du fait de cette ambivalence :
Le patient peut répondre par la réactance psychologique
Lors de consultations, il peut adopter cette attitude s’il se sent menacé ou privé de l’une de ses libertés. Ce sentiment peut le conduire à aggraver son comportement. Cette réaction émotionnelle négative peut survenir si le professionnel émet une critique sur son comportement alimentaire, par exemple.
Le patient peut avoir un discours-maintien
La personne explique pourquoi il lui est impossible de changer son comportement.
Le patient a un discours-changement
À l’inverse du discours-maintien, le patient a un discours qui montre qu’il envisage de changer.
Par exemple : « Je ne veux plus être violent envers ma famille » ; « Je suis capable de surveiller mon alimentation. » Ce type de discours encourage le changement de comportement. C’est pourquoi il est important que le patient évoque le plus possible les raisons qui le poussent à changer lors de la consultation.
Face à l’ambivalence du patient, le thérapeute se doit d’adopter des postures spécifiques.
Le professionnel adopte des postures face à l’ambivalence du patient
Dans l’entretien motivationnel, le professionnel se focalise sur la personne. Nous parlons ici d’alliance thérapeutique, car le thérapeute et le patient doivent s’engager dans la relation, qui doit être basée sur la confiance et le respect. Cette étape est déterminante dans la réussite de l’accompagnement. Le professionnel doit montrer qu’il sait écouter l’autre (pour qu’il puisse comprendre les contradictions qui existent chez le patient et l’empêchent de changer), mais aussi qu’il sait analyser avec la personne ses valeurs et son parcours.
Il s’agit d’un entretien semi-directif, car le professionnel poursuit un objectif précis. Le but est d’explorer la situation avec la personne et de susciter sa motivation pour qu’elle puisse construire quelque chose de solide..
Le professionnel et son patient collaborent
Intervenant et patient travaillent en partenariat. Loin de la posture de l’expert adoptée par certains professionnels, l’aidant doit respecter le point de vue de son patient et les objectifs qui sont cohérents et importants pour lui. D’un autre côté, le patient doit avoir confiance en l’intervenant en tenant compte de ses compétences.
L’intervenant doit avoir une posture de non-jugement
Il doit rejoindre la vision du monde de son patient, ne pas juger son parcours, et reconnaître ses compétences propres.
Le professionnel doit faire preuve d’empathie pour susciter la confiance et l’encourager à se confier. Cette bienveillance sécurise fortement la personne accompagnée. L’entretien motivationnel est donc basé sur l’écoute active du patient. Le thérapeute doit également valoriser les ressources personnelles de la personne pour qu’elle comprenne qu’elle est tout à fait capable d’accéder au changement, qui est nécessaire pour elle.
Le professionnel évite le réflexe correcteur
Quand le patient exprime de vive voix ses sentiments contradictoires face à une situation problématique, le professionnel peut avoir l’envie de le convaincre de la nécessité d’impulser un changement en faisant preuve d’argumentation.
Par exemple : « Si vous continuez de boire autant, vous deviendrez violent envers votre entourage. »
Le professionnel qui pratique l’entretien motivationnel se gardera de ce genre de posture directive.
Il est inutile de vouloir le persuader à tout prix sur l’adoption d’une solution donnée, car cela ne peut que le rendre encore plus réticent au changement. Il doit trouver ces solutions de lui-même.
La plupart du temps, les patients à qui l’on tente d’imposer un point de vue ont tendance à se conforter dans leur situation et à conserver leur comportement habituel, car l’intervenant ne leur a pas laissé le temps de trouver leur propre solution. Le thérapeute doit donc éviter de se confronter à l’autre s’il veut écarter toute résistance et ainsi un échec de l’entretien.
Il utilise la focalisation
Le thérapeute doit s’entendre avec le patient sur l’objectif qui doit être atteint grâce à cet accompagnement. Parfois, les buts diffèrent selon que l’on se situe du point de vue du professionnel ou du patient. Par exemple, une personne peut demander à être accompagnée pour récupérer la garde de ses enfants alors que le professionnel considère qu’elle devrait d’abord régler son problème d’addiction à l’alcool.
Avec l’approche motivationnelle, il est conseillé de guider le patient pour choisir un objectif à viser, tout en prenant en compte ses attentes, besoins, représentations, etc. Grâce à la discussion, les deux parties doivent pouvoir convenir d’un objectif qui soit réaliste.
Il a recours à l’évocation
Une fois que l’objectif est arrêté, le professionnel aide la personne à mettre en mots, verbaliser ce qui la motive à changer. Il provoque ainsi le discours-changement. Il doit également prendre en compte les arguments qui vont à l’encontre de ce changement, et l’aider à solutionner cette ambivalence.
La technique de l’entretien motivationnel implique l’utilisation d’un certain nombre d’outils indispensables pour les professionnels afin que leurs patients réussissent au mieux à parvenir au changement.
L’approche motivationnelle bénéficie de plusieurs outils