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Job coaching : une méthode pour l’emploi des personnes en situation de handicap

Le job coaching est une méthode pour l’emploi des personnes en situation de handicap. Toufik et Véronique vous parlent de leur pratique.

Une méthode d’accompagnement des travailleurs handicapés

« Beaucoup de travailleurs sociaux font du job coaching sans le savoir », nous dit Toufik. C’est le cas de tous les professionnels chargés d’accompagner une personne en situation de handicap vers l’emploi. En France, on parle plus volontiers de conseiller à l’emploi accompagné ou de moniteur chargé des détachements en entreprise.

Une approche venue des États-Unis

L’emploi accompagné apparaît en Amérique du Nord à la fin des années 1970. Les travailleurs sociaux constatent que le travail en milieu protégé entretient l’exclusion des personnes en situation de handicap. Pour favoriser leur insertion sociale et professionnelle, ils décident donc de se mettre en relation avec l’employeur. « Le job coach est une personne ressource qui fait le lien entre l’entreprise, le travailleur, les intervenants médico-sociaux… en informant chacun sur ses droits et devoirs », résume Véronique.

L’autonomie des personnes handicapées au cœur du job coaching

Aujourd’hui, ce dispositif d’insertion est encouragé par la loi française. L’article 52 de la loi Travail du 8 août 2016, précisé par un décret du 27 décembre, stipule que toute personne reconnue comme travailleur handicapé peut bénéficier de l’emploi accompagné.Les principes mêmes du job coaching font écho à la loi 2002-2 du 2 janvier 2002 et à la loi handicap de 2005. En promulguant ces lois, l’État s’engage à favoriser le développement des capacités de la personne handicapée ainsi que sa plus grande autonomie possible. Mais les réflexes des professionnels ne vont pas toujours dans ce sens. Véronique en témoigne : « Quand on veut aider, on a tendance à vouloir faire à la place de l’autre ». Cette surprotection de la personne, bien qu’elle procède d’une intention bienveillante, peut freiner sa responsabilisation. Or le job coaching est une entreprise de co-construction : il invite l’accompagnateur à partir de la demande de l’usager et à proposer le moins de solutions possible. L’objectif est plutôt d’accompagner l’autre de sortie qu’il formule des demandes et des pistes d’action.

Le job coaching, ou les outils du coaching au service de l’insertion en milieu ordinaire

L’expression job coaching peut être décomposée comme suit :

  • job, le mot anglais pour emploi ;
  • coaching, une notion très souvent mobilisée, au point qu’on en oublie parfois le sens premier.

Quel que soit le domaine (sport, leadership, développement personnel…), le coaching se définit comme une méthode d’accompagnement individualisé. Son objectif ? Améliorer les aptitudes et les performances d’une personne. Le job coaching s’inscrit dans cette démarche mais est plus spécifique, puisqu’il s’agit d’accompagner vers l’emploi.

Le place and train pour une insertion professionnelle durable

« L’un des grands principes du job coaching est le place and train », explique Toufik. Le dispositif privilégie l’insertion directe de la personne en situation de handicap, puis l’aménagement de son poste de travail relativement aux besoins qu’elle exprime. « Cette approche vise l’empowerment », poursuit Toufik. « La personne accompagnée doit être en capacité de décider pour elle, de revendiquer ses droits, de s’adapter, de formuler des demandes ». Il revient ensuite au job coach de négocier ces ajustements avec l’entreprise. L’employé, l’employeur et le travailleur social font évoluer ensemble les conditions de travail. Telles sont les modalités propices au maintien dans l’emploi.

L’expérience de terrain, 1ère compétence du travailleur social

Lorsque Toufik observe ses stagiaires, il s’aperçoit qu’ils utilisent les outils du coaching sans s’en rendre compte. Écoute active, entretien motivationnel, posture empathique… S’ils ne se réfèrent pas directement à ces concepts, ils maîtrisent déjà certains de leurs ingrédients. Pour Toufik, rien d’étonnant à cela : « Notre pratique, c’est notre expertise », leur répète-t-il. C’est pour cette raison qu’il articule ses formations autour de mises en situation. À chaque thématique correspond une scène jouée par les participants : « Ainsi, je vais directement chercher leur savoir-faire ».

En effet, c’est dans la pratique plus que par la connaissance théorique que se joue la relation d’aide. Toufik rencontre des professionnels aux profils variés : conseiller en insertion professionnelle, moniteur d’atelier en Établissement et Service d’Aide par le Travail (ESAT), assistant éducatif, éducateur spécialisé… « Qu’ils soient diplômés ou non, ils sont tous confrontés à la même chose », remarque-t-il. Tous ont en commun leurs compétences de terrain.

Travailler sa posture pour un accompagnement social efficace

En d’autres termes, le cœur de l’accompagnement social est la posture du travailleur, sa manière d’être à l’autre. « C’est précisément ce que nous travaillons en formation », dit Toufik.

Dans un premier temps, le formateur rassure le professionnel sur son savoir-faire. Ensuite, il s’agit de réfléchir ensemble sur les situations : « Lorsque j’interviens au sein d’une structure, j’investigue dans ce qui existe déjà et interroge le groupe pour trouver ce qui peut être amélioré, et comment ».

Toufik apporte également des techniques peu connues de l’aide sociale : « Tous les outils du management, par exemple, qui peuvent être utiles pour négocier avec les entreprises ».

Enfin, l’approche coaching invite chaque participant à s’interroger sur soi. Les job coaches occupent une position particulière : au travail, ils parlent de travail, accompagnent vers l’emploi d’autres travailleurs… « Alors bien sûr, en formation, ils viennent confronter leur vision du travail », souligne Toufik. Chacun est invité à remettre en question ses représentations du public accompagné – le témoignage de Véronique, qui souhaite s’appuyer davantage sur les compétences des jeunes, va en ce sens.

Toufik engage aussi ses stagiaires à interroger leur sentiment d’appartenance. Il s’agit de faire dialoguer pratique sociale et esprit des lois sur le handicap. J’appartiens à un pays, à une institution qui porte des valeurs. Et moi, professionnel, comment je me situe par rapport à celles-ci ? Quelle ambition ai-je pour moi, dans mon travail ? Qu’est-ce que je veux défendre ? Les réponses qui surgissent servent d’aiguillon au quotidien.

Bien plus qu’une action d’insertion, le job coaching est une méthode qui peut infuser l’ensemble du monde médico-social. Ainsi, pour Véronique : « Apprendre à ne pas agir pour l’autre est essentiel aux auxiliaires de vie scolaire, par exemple ». Elle-même souhaite créer une activité libérale centrée sur l’accompagnement des adultes autistes Asperger : « Ces personnes très compétentes ont parfois des difficultés avec les codes sociaux et les savoir-être en entreprise ». Expert des publics accompagnés, soutenant et responsabilisant, le job coach est le garant de l’égalité des droits et des chances au travail.