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Les comportements problèmes : comment les gérer ?

Comment définir les comportements-problèmes, ces difficultés handicapantes qui touchent aussi bien les adultes que les enfants ? Comment les repérer ? Les prévenir ? Les gérer ? Pour accompagner les professionnels des structures dédiées au handicap, l’​​Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) a émis en 2017 des recommandations portant sur 3 grands leviers d’actions : prévenir, intervenir et créer un espace d’apaisement.

Comportements problèmes : qu’est-ce que c’est ?

Définition

La notion de comportements-problèmes se confond généralement avec plusieurs terminologies comme les comportements destructeurs ou agressifs, l’agressivité, la colère, les troubles du comportement, ou les comportements dysfonctionnels et perturbateurs.

Pour mieux identifier, prévenir et gérer les comportements-problèmes (problem behaviors en anglais), l’Anesm a dressé une liste de bonnes pratiques, en commençant par donner une définition claire de ce comportement. Elle les définit ainsi comme des « comportements d’une intensité, fréquence ou durée telle que la sécurité physique de la personne ou d’autrui est probablement mise sérieusement en danger, ou comme des comportements susceptibles de limiter ou d’empêcher l’accès et l’utilisation des services ordinaires de la cité » (Emerson).

Symptômes

Multifactoriels, les comportements-problèmes se manifestent de différentes façons, dans des environnements pluriels. Parmi les symptômes qui les caractérisent, on peut citer :

  • l’abus d’alcool ou de drogues
  • l’agitation
  • les comportements de colère et de défi
  • la négligence
  • le désintérêt ou retrait de la vie quotidienne
  • parler excessif et perturbateur
  • l’accumulation d’objets inutiles
  • une estime de soi gonflée ou excès de confiance
  • des pensées obsessionnelles
  • un jugement pauvre
  • la destruction de l’environnement matériel
  • l’automutilation

Répercussions

Les conséquences de ce type de comportement portent sur la qualité de vie des personnes concernées par ce handicap. Bien souvent, on observe un refus d’admission et de prise en charge. Les projets de vie sont inexistants, l’accompagnement refusé. En résultent des difficultés à s’insérer en milieu scolaire ou professionnel et un mauvais accès aux soins de santé physiques et psychologiques. L’entourage peut également ressentir un isolement social important. Face à ces répercussions en cascade, les autorités sanitaires, à commencer par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont formulé certaines recommandations pour mieux identifier et gérer les comportements-problèmes.

Comment prévenir les comportements problèmes : les recommandations

Identifier les environnements à risque

Des facteurs personnels favorisent l’apparition des comportements-problèmes. L’âge, le sexe, l’origine ethnique, mais aussi les habitudes de vie, l’environnement socio-économique, les relations sociales, familiales, l’habitat, etc. Tous ces facteurs vont influencer la capacité de la personne à participer à la vie sociale. Il faut donc considérer les comportements-problèmes dans un système d’interactions entre l’individu et son environnement.

Agir sur l’environnement des personnes

À partir de ce constat, on peut agir sur l’environnement de la personne souffrant de comportements-problèmes pour prévenir ces derniers. En identifiant les besoins des personnes et les facteurs de risque et en bâtissant un environnement adapté par exemple. Il s’agit donc de travailler sur la qualité de vie de la personne. Développer une approche positive de la personne et reconnaître qu’elle est capable d’agir sur elle-même et sur son environnement fait également partie des recommandations.

Le second volet de la prévention consiste à organiser les réponses possibles à apporter à un comportement-problème au sein d’un établissement. Former les personnels, allouer des moyens concrets à un véritable projet d’établissement, se doter d’outils de repérage et d’évaluation… Sans oublier la place des familles et les opportunités de partenariats entre les différents acteurs.

Comment faire face aux comportements problèmes : les recommandations

Repérer les comportements-problèmes 

Les professionnels des établissements doivent disposer d’outils pour les aider à identifier et les comportements-problèmes : entretiens, observations, évaluations. Ces outils vont aider à détecter les éléments déclencheurs, les causes environnantes, les conséquences, les besoins de réajustement de l’accompagnement. L’information convient d’être partagée avec les acteurs clés (établissements, aidants familiaux, partenaires), de manière à planifier, mettre en œuvre, coordonner et évaluer les interventions ad hoc

Gérer les comportements-problèmes

Il s’agit d’abord de réagir face à l’aggravation de la situation, en suivant un protocole et avec des relais définis en amont. L’idée est de mettre la personne et ses proches en sécurité. Les autres recommandations portent sur le soutien de la personne et de son entourage. Enfin, l’Anesm vise la continuité de l’accompagnement. L’outil connu sous le nom « la cible de Sluzki » permet par exemple de représenter le réseau social d’une personne en situation de handicap à un moment « T », pour clarifier la place des acteurs concernés.

La cible de Sluzki

La cible de Sluzki

Exemple extrait de L’accompagnement de la personne polyhandicapée dans sa spécificité Les professionnels et les familles, Haute Autorité de Santé, octobre 2020.

Comment créer des « espaces de calme-retrait et d’apaisement » 

Le dernier grand volet des recommandations de l’Anesm fait l’objet d’un document à part entière. Il s’agit d’évaluer les interrelations existantes entre la personne et son environnement (manière de se déplacer, de se mettre en retrait d’un espace; de comprendre l’espace) pour créer des espaces de calme-retrait et d’apaisement. Les espaces de calme-retrait et d’apaisement sont définis par l’Anesm comme des espaces repérés et identifiés au sein des établissements, permettant à la personne évoluant dans un environnement collectif de trouver un lieu pour se mettre à l’écart. Il peut s’agir d’un retrait volontaire, d’une réponse à « la mise en danger », ou de signes annonciateurs d’une aggravation du comportement.
In fine, les actions en lien avec ce type d’espace portent sur :

  • la conception et l’aménagement des espaces de l’établissement
  • la conception pour chaque personne et chaque situation d’un type de retrait
  • la mise en place de méthodes alternatives comme stratégies d’apaisement
  • la gestion de la mise en danger et du dernier recours

Une fois n’est pas coutume, la formation des professionnels et des aidants familiaux occupe une place centrale dans la prévention et la gestion des comportements-problèmes. C’est pourquoi Epsilon Melia se met à disposition des structures pour proposer une formation permettant de comprendre et d’agir sur les troubles du comportement. Rendez-vous sur la page dédiée à la formation Troubles du comportement : comprendre et accompagner !

Lien vers le document de synthèse de l’Anesm.

 

Sources :

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-03/web_anesm_synthese-outils_rbpp-2.pdf

https://www.has-sante.fr/jcms/c_2834964/fr/les-comportements-problemes-au-sein-des-etablissements-et-services-accueillant-des-enfants-et-adultes-handicapes-prevention-et-reponses