L’inceste ≠ La pédophilie
Il faut distinguer l’inceste de la pédophilie. Si cette dernière est une perversion sexuelle d’un adulte envers un enfant, l’agresseur ne fait pas partie de la famille de la victime.
Toutefois, les études montrent que les enfants victimes de violences sexuelles commises par des adultes (hors cercle familial) se trouvent souvent dans le cercle de connaissance de l’agresseur et vice-versa : ami de la famille, professeur, voisin…
Reconnaître les symptômes post-traumatiques chez les victimes d’inceste
Le traumatisme engendré pour les victimes d’inceste peut être dévastateur. Repérer les symptômes permet une prise en charges des victimes plus rapide et appropriée afin de les accompagner du mieux possible dans leur reconstruction, même plusieurs années après les faits. En effet, il est rare que les victimes rapportent d’elles-mêmes les faits, surtout lorsque les faits sont en cours ou récents. Il existe un véritable tabou de l’inceste, instauré non seulement par le traumatisme vécu mais aussi par la honte, la peur du regard des autres, la peur du jugement de la société extérieure au cercle familial, etc.
Voici quelques pistes pour aider les travailleurs sociaux, éducateurs ou professionnels accompagnants à déceler des cas d’inceste :
Symptômes chez les enfants victimes d’inceste :
- Désintérêt pour les jeux.
- Difficultés à l’école ou phobie scolaire.
- Énurésie (pipi au lit) ou encoprésie (incontinence fécale) après apprentissage complet de la propreté.
- Troubles du sommeil : cauchemars, terreurs nocturnes.
- Méfiance et agressivité envers les adultes.
- Signes dépressifs, anxiété.
- Perte de l’estime de soi, culpabilité, honte.
- Sexualisation en décalage par rapport à l’âge de l’enfant.
Symptômes chez les adolescents et adultes victimes d’inceste :
- Signes dépressifs, anxiété.
- Tentatives de suicides.
- Scarification, brûlures.
- Phobies.
- Conduites à risque : délinquance, marginalité, prostitution, toxicomanie.
- Perte de l’estime de soi.
- Sexualité perturbée voire absence de sexualité ou hyper sexualisation.
- Troubles alimentaires : anorexie, boulimie.
Cette liste non exhaustive peut bien évidemment varier d’un cas à l’autre. À l’inverse, une personne qui présente plusieurs de ces symptômes n’a pas nécessairement été victime d’inceste au cours de sa vie. C’est aux travailleurs sociaux ou aux professionnels de l’éducation par exemple, en contact direct avec les victimes potentielles, de faire la part des choses et de se concerter pour décider d’un signalement aux autorités compétentes, ou non.
L’inceste aux yeux de la loi
L’inceste n’est pas considéré comme une infraction à part entière par le droit pénal mais comme une circonstance aggravante en cas :
- de viol,
- d’agressions sexuelles,
- de mise en péril de mineurs de moins de quinze ans par atteinte sexuelle.
Bien entendu, dans tous les cas, des peines d’emprisonnement sont prévues par la loi et peuvent varier selon les cas.
En 2016, une loi sur la protection de l’enfance a permis de réintroduire dans le Code pénal la notion d’inceste. Depuis, les atteintes/agressions sexuelles et viols sont qualifiés d’incestueux lorsqu’ils sont commis sur un mineur par un parent/grand-parent, frère/sœur, oncle/tante, neveu/nièce ou par un concubin/partenaire de l’une des personnes citées précédemment. En 2018, une autre loi a élargi la qualification d’inceste à toutes les victimes de viols ou d’agressions sexuelles et non plus seulement aux mineurs. Il appartient désormais aux juges de prendre l’âge de la victime en considération pour démontrer la contrainte s’il s’agit d’un mineur par exemple et d’adapter le verdict en conséquence.