Risques suicidaires chez les adolescents : des signes inquiétants

risques suicidaires chez les jeunes

Depuis quelques mois, les pédopsychiatres tirent la sonnette d’alarme : les tentatives de suicide chez les enfants, adolescents et jeunes adultes seraient en hausse. À l’échelle mondiale, l’Unicef a publié le 5 octobre 2021 un rapport sur la santé mentale des enfants dans lequel on peut lire que « plus d’un adolescent sur sept âgé de 10 à 19 ans vivrait avec un trouble mental diagnostiqué », et que « près de 46 000 adolescents se suicident chaque année ». En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes. Quels sont les signes à repérer ? Comment réagir ? Pour les professionnels du champ social et médico-social, se former pour prévenir et accompagner les risques suicidaires est plus que jamais indispensable. 

Une hausse des tentatives de suicide chez les enfants et les adolescents

Parmi les résultats alarmants de la consultation nationale des 6-18 ans d’Unicef France auprès de plus de 25 000 enfants, 76,6 % indiquent qu’il leur arrive d’être triste ou cafardeux, 53,3 % de n’avoir plus goût à rien et 64,2 % de perdre confiance en eux. Chez les adolescents, 27,2 % (!) des répondants reconnaissent avoir déjà pensé au suicide et 10,3 % qu’ils ont déjà tenté de se suicider. 

Du côté des centres antipoison (CAP), l’analyse de l’activité des huit CAP du territoire, entre le 1er janvier 2018 et le 31 mars 2021 montre une hausse des appels pour les tentatives de suicide (TS). À l’initiative de l’enquête, le docteur Dominique Vodovar relate qu’« alors que le nombre d’appels quotidiens pour TS avait nettement chuté pendant le premier confinement, on observe une hausse globale depuis celui de l’automne 2020 et surtout depuis janvier, essentiellement chez les 12-24 ans ».

Cette augmentation serait à rapprocher d’autres signes de troubles de la santé mentale comme l’anxiété, les troubles du sommeil, la dépression…qui n’ont pas pour seule origine la crise sanitaire. Comme le soulignait le pédopsychiatre Richard Delorme dans Le Monde du 17 mars 2021, « Cette génération subit une incroyable pression entre la crise sanitaire, l’inquiétude écologique et les menaces d’attentats qui la touchent aussi ». Sans attendre les dernières enquêtes de 2021, il est urgent de s’outiller face aux risques suicidaires de nos plus jeunes.

Risques suicidaires chez les ados : des signaux d’alarme à connaître

Début septembre 2021, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié une synthèse des recommandations destinées notamment aux acteurs de soins de première ligne, intitulée : « Idées et conduites suicidaires chez l’enfant et l’adolescent : prévention, repérage, évaluation, prise en charge ». On y trouve quelques outils pour repérer et prévenir les risques suicidaires, à l’instar de l’Ask Suicide-Screening Questions (ASQ) ou du Bullying Insomnia Tobacco Stress Test (BITS).

risques suicidaires adolescents
Questions BITS et ASQ

Pour les personnels non médicaux, des signes peuvent donner l’alerte et conduire à adresser le jeune vers un acteur de soins de première ligne :

  • absentéisme scolaire ;
  • difficultés à entrer en contact avec les autres ;
  • accumulation de douleurs ou de petites maladies :
  • troubles du sommeil persistants ;
  • succession d’échecs, par exemple aux examens ;
  • actes destructeurs (consommation excessive d’alcool, de cannabis ou d’autres drogues illégales, de médicaments ou de jeux vidéo) ;
  • blessures volontaires, scarifications ;
  • restrictions alimentaires excessives ou excès ;
  • prises de risques démesurées ;
  • actes agressifs (harcèlement, agressions physiques…).

La prise en compte de l’environnement

Certains facteurs (contexte familial, social et économique) augmentent le risque de passage à l’acte chez les enfants ou adolescents. Il y a bien sûr la période adolescente elle-même, source de fragilité pour l’individu. Les antécédents personnels de tentatives de suicide qui est le premier facteur de risque de récidive. Les antécédents suicidaires dans la famille ou dans l’entourage, les troubles de la santé mentale, les antécédents de maltraitance et d’abus sexuels, un mauvais état de santé ou une insertion sociale précaire augmentent également le risque d’intention suicidaire.

La HAS pose également quelques recommandations en matière d’orientation des enfants/adolescents en risque de suicide. Ainsi, s’il y a eu une TS récente, c’est à un service d’urgences qu’il faut s’adresser. En cas d’idées suicidaires exprimées, le jeune peut être envoyé vers un CMP, un CMPP, un psychiatre libéral, ou selon le territoire une Maison des Adolescents. Il est évidemment important que l’entourage soit associé aux mesures de précaution prises par les professionnels socio-médicaux, et qu’on l’informe de la conduite à tenir en cas d’aggravation des signes. 

Le numéro national de prévention du suicide 

Annoncé par le ministre de la Santé et des Solidarités lors de l’ouverture des Assises de la Santé mentale et de la psychiatrie le 27 septembre dernier, le numéro national de prévention du suicide est entré en fonctionnement le vendredi 1er octobre 2021. Gratuit, il garantit une écoute professionnelle et confidentielle 24h/24 et 7j/7 par des infirmiers et des psychologues formés. Il est destiné aux personnes souffrant d’idées suicidaires, à leurs proches et aux personnes endeuillées par un suicide.

Se former pour prévenir et accompagner les risques suicidaires

Au-delà des bonnes pratiques dispensées par les autorités pour les professionnels chargés de repérer, évaluer et orienter les enfants et adolescents, la formation reste l’outil de choix pour mieux prendre en charge les risques suicidaires en institution. La clé d’une évaluation adéquate réside en effet dans la formation des intervenants en lien direct avec les jeunes (enfants et adolescents). 

Conscient que la formation des professionnels est un levier essentiel pour la prévention des risques suicidaires chez les adolescents, Epsilon Mélia propose un programme de deux jours aux objectifs multiples : 

  • Informer et sensibiliser à la question du suicide et du processus suicidaire ;
  • Distinguer les réalités des mythes et mieux comprendre l’acte suicidaire ;
  • Apprendre à repérer les indicateurs du processus suicidaire ;
  • Connaître les ressources et les limites personnelles et institutionnelles ;
  • Découvrir, construire les réseaux de prise en charge et s’appuyer sur eux.

La formation aborde les définitions et représentations du suicide, les conduites d’entretien, l’exploration des idées suicidaires, l’évaluation du risque. Les professionnels y apprennent à déceler les signes avant-coureurs, caractériser une crise suicidaire, connaître les facteurs de risque, et comment intervenir en réseaux de professionnels.


Ressources  

  • L’ensemble des recommandations et argumentaires de la HAS en matière de prévention du suicide chez les enfants et adolescents est à télécharger sur le site de la HAS.
  • Formation Epsilon Mélia : « Risques suicidaires chez les ados : prévenir et accompagner ».
  • Portail d’informations, espace d’échanges et de débats : www.infosuicide.org.

Numéros d’aide et d’écoute

  • Le 31-14, numéro national de prévention du suicide : gratuit, garantit une écoute confidentielle 24h/24 et 7j/7 par des infirmiers et des psychologues formés. Il est destiné aux personnes souffrant d’idées suicidaires, à leurs proches et aux personnes endeuillées par un suicide.
  • Fil Santé Jeunes : écoute, information et orientation des jeunes dans les domaines de la santé physique, psychologique et sociale. Anonyme et gratuit 7j/7, de 9h à 23h. Joignable également par tchat. Tél. : 0800-235-236. Filsantejeunes.com
  • Suicide Ecoute : écoute des personnes confrontées au suicide. Permanence d’écoute téléphonique 24h/24 et 7j/7. Tél. : 01-45-39-40-00. Suicide-ecoute.fr.
  • Nightline France : service d’écoute par et pour les étudiant(e)s, nocturne et gratuit. Tél. : 01-88-32-12-32. Nightline.fr.
  • En cas de risque suicidaire avéré se rapprocher des services d’urgence : appeler le SAMU 15 ou le 112 (numéro européen).
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