Théâtre et Handicap : découvrez la Compagnie de l’Oiseau-Mouche

Dimanche 4 septembre 2022, l’équipe d’Epsilon Melia a assisté à une représentation de Saturne, le nouveau spectacle de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche. Créée à Roubaix en 1978, cette troupe de théâtre rassemble vingt-trois interprètes en situation de handicap. Émus par le jeu des comédien·ne·s et par l’histoire défendue, nous souhaitons partager avec vous cette très belle découverte.

Un spectacle sur le poids du passé dans le présent

"Maman, pourquoi tu m’aimes pas ?"

Aujourd’hui, Arthur a 10 ans. Heureux et fier de grandir, il va trouver sa mère, Sandra… qui le rejette. Arthur est déstabilisé par la froideur de sa maman et s’en convainc : elle ne l’aime pas.

Mais si Sandra est démunie, Arthur est plein de ressources. Il comprend qu’il doit partir, explorer, chercher la clef de cette situation loin de chez lui. Son aventure le mène dans le passé où il rencontre un autre duo mère-fils, frappé par une tragédie.

Dans cette pièce très sensible, la metteuse en scène Noëmie Ksicova renoue avec son thème de prédilection : les traces du passé dans le présent, une recherche minutieuse des réminiscences pour se libérer de celles qui nous empêchent de vivre. La question de l’amour maternel occupe également une place importante. Parmi les références pour ce spectacle, Noëmie cite un texte de Marguerite Duras sur la figure de la mère. « Je suis mère d’un petit garçon et je vois bien qu’il porte des choses qui ne lui appartiennent pas ; ces questions m’habitent aussi sur le plan intime », ajoute-t-elle dans la brochure du spectacle.

En scène, des comédiens porteurs de handicaps mentaux et psychiques 

La pièce est interprétée par cinq comédiens de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche, un projet original né à Roubaix à l’aube des années 1980. En effet, les vingt-trois comédien·ne·s de la troupe permanente sont en situation de handicap mental et/ou psychique. Devenue professionnelle en 1981, la compagnie est ainsi le premier Centre d’Aide par le Travail artistique de France. 

L’Oiseau-Mouche est riche de 40 ans d’histoire et de théâtre. Les artistes s’approprient les classiques du 6ème art et de la littérature, avec des spectacles phares comme Personnages d’après Luigi Pirandello, Prix Stregagatto en Italie en 1999, ou L’Enfant de la Jungle d’après Rudyard Kipling, joué 154 fois en 6 ans ! 

Pour s’interroger et se réinventer constamment, les acteur·rice·s travaillent avec des metteurs en scène extérieurs. Chaque création doit être le reflet d’une rencontre entre l’artiste invité·e et les comédien·ne·s de la Compagnie. « Ils [les comédiens] trimballent une poésie qui me fascine. La notion de handicap disparaît dans le travail, mais ils placent le public à un endroit d’écoute et de calme autre et qui me plaît beaucoup », confie Noëmie Ksicova.

➡️ Découvrez ici l’histoire et l’actualité de l’Oiseau-Mouche. 

Théâtre du corps, théâtre des mots

Jusqu’en 1987, la troupe de l’Oiseau-Mouche explore l’esthétique du geste théâtral exclusivement. Le texte est intégré ensuite, et devient une composante importante du travail de la compagnie à partir des années 2000.

On retrouve bien ces deux dimensions dans Saturne. Le décor très léger fait la part belle au jeu des comédiens, entre dialogues intimes et théâtre du corps. 

La simplicité de la scénographie permet de jouer la pièce partout : villages, jardins et tous types de lieux non destinés à accueillir du théâtre. Pour délimiter l’espace et le temps, quatre cubes blancs et la voix d’un narrateur suffisent. La structure du conte vise une certaine universalité : « nous avons voulu faire un spectacle qui s’adresse à tous, à des gens qui ne vont jamais au théâtre et à tous les âges, y compris aux enfants ».

Une nouvelle représentation se tiendra le 17 septembre 2022 aux Archives Nationales du Monde du Travail, à Roubaix, à 19 h. Venez nombreux !

Saturne, un spectacle de Noëmie Ksicova et Cécile Pericone.

Avec Jérôme Chaudière (narrateur), Florence Decourcelle, Clément Delliaux, Frédéric Foulan et Valérie Waroquier. 

Propos de Noëmie Ksicova recueillis par Maïa Bouteillet pour le Théâtre de la Ville.

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