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Enfant qui pleure à côté de son père malade couché sur un lit.

Parentalité et troubles psychiques

Tout individu se construit en fonction de l’environnement dans lequel il évolue et du type de relations qu’il entretient avec ceux qui l’entourent, et ce, dès sa venue au monde. Il dépend notamment de la famille dans laquelle il progresse, c’est pourquoi sa personnalité va se développer selon ses caractéristiques biologiques, mais surtout suivant les liens qu’il va nouer avec les autres. Parfois, lorsque ces liens sont difficiles à tisser ou à maintenir, certaines personnes se retrouvent en difficulté et peuvent développer des troubles psychiques. Dans ce dossier, vous trouverez de nombreuses informations sur les différentes maladies psychologiques, l’impact que celles-ci peuvent avoir sur les enfants lorsqu’un parent en est atteint, et les divers accompagnements à la parentalité pouvant être envisagés dans ce type de situation.

Les différents troubles psychiques

Les troubles psychiques font référence aux maladies qui dégradent la santé mentale d’une personne. Selon L’OMS : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » Toute personne peut être touchée par un trouble mental, qui peut être ponctuel ou s’installer à plus long terme. Quelle que soit leur forme, ces maladies bouleversent la vie de celui qui en est atteint, tout comme celle de l’entourage.

Les troubles psychiques les plus connus sont : 

Les troubles concernant l’humeur

Beaucoup d’individus atteints de dépression ou qui côtoient une personne dépressive n’ont pas conscience qu’il s’agit d’un trouble psychique, et peuvent penser à une simple baisse de moral ponctuelle. Pourtant, cette maladie se distingue de la simple déprime où le mal-être est passager, et peut avoir des conséquences très graves. La personne souffre de symptômes très handicapants comme : 

  • Un grand découragement et une profonde tristesse ;
  • Une fatigue pouvant même l’empêcher de se lever le matin ;
  • Une grosse perte de confiance puisqu’elle se sent dans l’incapacité d’affronter le quotidien ;
  • Des problèmes de sommeil et/ou alimentaires (anorexie, boulimie, etc.) ;
  • Dans les cas les plus graves, des idées suicidaires peuvent apparaître.

La dépression post-partum, malheureusement encore trop taboue, est une période qui peut être particulièrement éprouvante pour certaines femmes qui viennent d’accoucher, ainsi que pour leur enfant. Dans les cas les plus graves, elle peut amener la maman à une tentative de suicide ou à faire du mal à son bébé. Généralement, cette dépression est liée à la peur d’être une mauvaise mère et de ne pas pouvoir assumer ses responsabilités. Cela peut avoir des conséquences très néfastes sur le développement de la personnalité de l’enfant si la maman n’est pas prise en charge rapidement.  

Les personnes bipolaires sont également concernées par ces troubles de l’humeur. Elles alternent entre périodes de surexcitation et phases de dépression. Entre les deux, elles sont plus calmes et stables, ce qui leur permet de mener une vie plus normale. Les troubles bipolaires sont difficiles à vivre pour les enfants, le conjoint, les collègues, etc. car ils ne savent jamais au quotidien dans quel état émotionnel va se trouver la personne souffrante, et quel comportement adopter. Les personnes victimes de cette maladie psychique ont souvent un risque cardiovasculaire, de diabète, surpoids, etc., plus important.

L’anxiété  

L’anxiété est un état émotionnel courant, qui existe chez chaque individu. Mais parfois, celle-ci prend le dessus, s’installe durablement, et peut bouleverser la vie quotidienne. Elle entraîne des symptômes physiques (nausées, transpiration, vertiges) et des pensées négatives (incertitudes, peur de mourir, dramatisation, etc.). Les troubles anxieux se manifestent sous des formes diverses : 

Le trouble anxieux généralisé  

La personne s’inquiète exagérément par rapport à chaque situation vécue, et ses craintes sont démesurées par rapport à la réalité des risques. Cet état d’anxiété est constant et difficilement contrôlable. Les symptômes ressentis (migraines, troubles du sommeil, problèmes pour se concentrer, etc.) perturbent fortement le quotidien.

Le trouble panique 

La personne souffre d’attaques de panique récurrentes, et angoisse à l’idée que celles-ci surviennent. Ces crises se répètent puisqu’elle a peur d’avoir peur. Le trouble panique touche surtout les femmes jeunes (entre 20 et 30 ans), et peut entraîner des phobies.

Les phobies  

la personne ressent une peur incontrôlée et insupportable face à un objet, un animal ou autre situation spécifique. On l’appelle la phobie spécifique (peur de l’avion, peur de vomir, peur du noir, etc.). Certaines personnes souffrent également de phobie sociale : elles redoutent d’être exposées au regard des autres (peur de prendre la parole en public, peur de manger en collectivité, etc.).

Les troubles obsessionnels compulsifs 

La personne a des pensées qui l’obsèdent qu’elle n’arrive pas à contrôler, et ressent alors une grosse anxiété. Elle tente de soulager sa souffrance en instaurant des rituels, des gestes répétitifs (laver plusieurs fois par jour le sol de la maison, ouvrir 20 fois la boîte aux lettres avant d’en retirer le courrier, etc.). Elle a conscience que son comportement est incohérent, mais elle ne parvient pas à le stopper.

Les troubles des conduites alimentaires 

Les formes les plus connues sont l’anorexie (la personne arrête volontairement de se nourrir parce qu’elle a du mal à accepter les changements du corps. Les conséquences peuvent être très graves du fait de la perte importante de poids), et la boulimie : la personne avale une quantité impressionnante de nourriture pendant un laps de temps très court. Elle se fait ensuite vomir, prend des laxatifs, etc., ce que l’on nomme comportement compensatoire. Cela lui permet de ne pas grossir, mais le système digestif est fortement mis à mal. Mais elle peut aussi ne pas recourir aux vomissements, on parle alors d’hyperphagie boulimique.

Les troubles addictifs 

La personne est dépendante à l’alcool, aux drogues, au tabac, au jeu, etc. Au départ, elle ressent du soulagement suite à la prise de ces substances. Au fil du temps, cette consommation a des conséquences très néfastes sur son état physique et psychique puisqu’elle se retrouve en situation de manque, se désintéresse du quotidien, et ressent une anxiété accrue. La guérison est tout à fait possible, mais les risques de rechute sont importants.

Les troubles psychotiques 

Lorsqu’un individu souffre de psychose, il n’a pas conscience qu’il est malade, il ne vit pas dans la réalité et dans le monde qui l’entoure, et ne demande donc pas à être pris en charge. Ses croyances et perceptions sont ainsi totalement transformées. Les symptômes sont très difficiles à vivre pour l’entourage puisque le malade peut entendre des voix, avoir le sentiment d’être manipulé ou persécuté, etc. Dans les psychoses, l’on trouve notamment : 

La schizophrénie  

La pensée est désorganisée et induit des comportements étranges que l’entourage juge incompréhensibles (rire pendant un évènement douloureux, par exemple). Il existe plusieurs schizophrénies, car les symptômes sont divers : des symptômes dits positifs (ou syndrome délirant), qui se traduisent pas des hallucinations et des idées délirantes ; ainsi que des symptômes négatifs (ou syndrome autistique) qui poussent la personne à s’isoler du monde qui l’entoure.

La paranoïa  

La personne paranoïaque est constamment suspicieuse envers son entourage et considère les personnes qui l’entourent comme hostiles.

Les troubles de stress post-traumatique  

Ils sont déclenchés par un évènement traumatisant (victime d’attentat, d’agression sexuelle, etc.), et se traduisent par une grande souffrance psychique. Les victimes se sont senties impuissantes et profondément désespérées lors de la situation ayant déclenché ce stress profond. Elles peuvent avoir des cauchemars, des images qui leur reviennent régulièrement en mémoire, elles fuient toutes pensées susceptibles de leur faire revivre l’évènement douloureux, elles se sentent constamment en danger, et leur humeur est changeante. Ces symptômes peuvent entraîner d’autres troubles de la santé mentale comme de la dépression ou une forte anxiété.

Les troubles de la personnalité 

On considère qu’une personne a des troubles de la personnalité lorsque ses traits de caractère (anxiété, narcissisme, obsessions, paranoïa, etc.) sont si accentués que ses relations avec les autres deviennent problématiques. Les symptômes diffèrent selon le type de trouble, mais généralement la personne souffrante a un comportement incohérent puisqu’elle peut alterner entre gentillesse et haine, par exemple. D’autre part, elle a de grandes difficultés à tisser des liens avec les autres, car son attitude contradictoire met l’entourage mal à l’aise. Il existe plusieurs types de troubles de la personnalité. Les plus connus sont : 

Le trouble de la personnalité borderline  

Il se caractérise par une hyperémotivité et hypersensibilité. Les personnes ont notamment très peur de l’abandon, car elles ont ressenti une forte angoisse pendant leur enfance (séparation forcée avec un parent, victimes de violences, etc.). Elles peuvent souffrir de phobies, d’obsessions, d’hypocondrie.

Le trouble de la personnalité narcissique  

Les personnes manquent cruellement d’empathie et ont sans cesse besoin d’être valorisées par l’entourage. Elles affichent leur sensation de supériorité, et n’hésitent pas à écraser les autres pour y parvenir.

Le trouble de la personnalité antisociale  

Les personnes méprisent le droit d’autrui ainsi que les conséquences de leurs actions envers les autres, mais aussi envers elles-mêmes.

L’origine des troubles psychiques  

Personne ne sait encore de façon précise pourquoi certains individus développent des maladies mentales, alors que d’autres non. Généralement plusieurs facteurs sont à prendre en compte comme l’hérédité, l’environnement familial, des traumatismes, etc. Malgré tout, la non-satisfaction des besoins fondamentaux et la faiblesse des liens d’attachement dès la naissance sont d’importants facteurs de risques.

La satisfaction des besoins fondamentaux : pour un bon développement de l’enfant  

Tout être humain a des besoins fondamentaux qui doivent être satisfaits. Abraham Maslow, psychologue américain humaniste, a établi 5 niveaux de besoins, les plus fondamentaux se trouvant à la base. Pour pouvoir accéder aux besoins du niveau supérieur, l’individu doit d’abord avoir satisfait ceux du niveau où il se trouve : 

Les besoins fondamentaux de la pyramide de Maslow

Source : https://www.mieux-vivre-autrement.com/

  • Besoins physiologiques : ils sont vitaux, sans eux, il est impossible de survivre (respirer, se nourrir, etc.). S’ils ne sont pas comblés, l’individu ne peut pas couvrir les besoins suivants ;
  • Besoins de sécurité : si les besoins précédents sont satisfaits, l’individu se sent plus en sécurité, et protégé par les personnes qui l’entourent (sécurité de la famille, de la santé, etc.) ;
  • Besoins d’appartenance/d’amour : l’individu a besoin de nouer des liens affectifs (avoir des amis, se mettre en couple, etc.) ;
  • Besoins de reconnaissance : ce sont eux qui permettent à chacun d’acquérir l’estime de soi. L’individu apprend à se respecter soi-même, mais aussi les autres. Il prend alors confiance ;
  • Besoins de réalisation personnelle : l’individu a besoin de s’épanouir à travers des objectifs, des missions spécifiques.

La non-satisfaction de ces besoins fondamentaux porte atteinte au développement de la personne, que ce soit d’un point de vue physique ou psychique. Par exemple, un enfant qui n’a pas reçu toute l’affection dont il a besoin peut, à l’âge adulte, avoir des difficultés dans ses relations amoureuses, faire en sorte d’être aimé par tous, etc.

La théorie de l’attachement  

« Le plus important à garder en mémoire, c’est que tout le monde a besoin d’un réservoir rempli d’attachement par du contact humain et des liens affectifs. » Lawrence Cohen, psychologue clinicien américain.

C’est le psychiatre et psychanalyste britannique John Bowlby qui fonde la théorie de l’attachement en 1958, car il considère que la psychanalyse ne s’intéresse pas suffisamment aux relations qu’entretient un enfant avec son environnement. Pour lui, tout individu n’existe que s’il établit des liens avec le monde qui l’entoure.

La théorie de l’attachement fait donc référence au lien affectif qu’entretient un enfant avec la personne qui s’occupe de lui (généralement, sa mère). La manière dont la mère réagit aux messages et demandes de son enfant est déterminante dans la construction de son sentiment de bien-être, de confiance, et de sécurité.

Si l’enfant se sent suffisamment sécurisé, il peut alors commencer à se tourner vers l’extérieur et à nouer des relations autres que les liens parentaux. C’est en effet la qualité de ses liens d’attachement qui lui permet d’explorer le monde qui l’entoure.

La construction du lien d’attachement est longue, elle résulte de la succession de moments partagés avec la mère, mais aussi des soins que l’enfant reçoit.

Selon Bowlby, l’attachement est un besoin primaire, qui est indispensable à la survie de l’être humain. L’enfant va donc se développer de façon plus ou moins équilibrée en fonction des relations qu’il a avec ses parents et du style d’attachement. Les troubles de l’attachement peuvent entraîner une mauvaise estime de soi, un manque de confiance, de l’angoisse, des problèmes relationnels avec les autres, etc.

Mary Ainsworth, psychologue canadienne, et collaboratrice de John Bowlby, a déterminé les différentes catégories de l’attachement

L’attachement sécure  

L’enfant développe une bonne capacité à gérer ses émotions, car il sent que sa mère est sensible à ses besoins et le soutient. Comme il perçoit cette protection maternelle, il est plus enclin à partir à la découverte du monde extérieur et à nouer des relations, car il a pu se construire une bonne estime de soi et a acquis de la confiance.

L’attachement de type insécure évitant  

L’enfant ne parvient pas à construire sa confiance, car il sent que sa mère n’est pas en mesure de répondre à ses besoins. Celle-ci peut montrer de l’indifférence, le dénigrer, ou lui répondre par de la colère. C’est pourquoi il cache ses émotions, et fait en sorte de garder le contrôle parce qu’il a le sentiment que personne ne peut l’aider.

L’attachement insécure ambivalent (ou résistant) 

La mère n’a pas de comportement rationnel et alterne entre indifférence et sensibilité. Comme l’enfant ne se sent pas soutenu émotionnellement, en cas de stress, il va jongler entre son immense besoin que le parent le réconforte, et son désir de le rejeter. C’est pourquoi en cas de séparation, il peut à la fois montrer une grosse angoisse pour attirer le parent, et le repousser agressivement parce qu’il n’est pas sûr qu’il soit capable de répondre à ses besoins.

L’attachement désorganisé 

Il concerne la plupart des enfants qui sont victimes de maltraitances ou qui assistent à des violences. Les figures d’attachement de ces enfants les font souffrir ou sont aussi en souffrance, c’est pourquoi ils adoptent des comportements désorganisés (entrent en contact avec une personne sans la regarder, par exemple).

 

Le style d’attachement va dépendre des propres expériences vécues par le parent lorsqu’il était enfant. En effet, un parent insécure peut avoir plus de mal à répondre aux différents besoins de ses enfants. C’est pourquoi les différents types d’attachement sont à la base du sentiment de sécurité ou de vulnérabilité chez l’enfant, même si d’autres facteurs entrent en ligne de compte (conditions de vie, évènements vécus, personnalité, etc.).

Dès la naissance du bébé, le père joue un rôle important dans la sécurisation du tout-petit : il peut être d’un grand soutien émotionnel pour la mère et la décharger de certaines tâches afin de la soulager. Il doit veiller à ce que l’enfant et sa mère évoluent dans un environnement favorable pour que le lien affectif s’établisse dans les meilleures conditions. Le père est une sorte de pilier sur lequel la mère doit pouvoir s’appuyer. Plus l’enfant sent que son père et sa mère sont en accord, plus il se sent protégé et en confiance.

Les pratiques éducatives également à l’origine des troubles psychiques ? 

La théorie de l’attachement insiste sur la nécessité de soutenir l’enfant, et de ne pas lui apporter une éducation trop dure. Nous l’avons vu, le parent doit être à l’écoute des besoins fondamentaux de l’enfant et y apporter une réponse adaptée. Dans un second lieu, il doit représenter une figure d’attachement qui soit sécurisante et stable pour l’enfant, et le mette en confiance. La manière dont les parents éduquent leurs enfants joue également un rôle essentiel dans leur comportement et leur devenir.

La gestion des pulsions de l’enfant 

Tout enfant ressent des émotions diverses, qui peuvent être aussi bien positives que négatives (jalousie, colère, etc.). Ces sentiments seront plus ou moins problématiques selon le type de réponses qu’apportent les parents. En effet, ces derniers doivent lui apprendre à maîtriser les pulsions qui l’animent en lui interdisant certains comportements ou propos. Ils doivent donc mettre des limites à leur enfant, car c’est par l’interdit qu’il va construire sa vie psychique et s’intégrer dans la société. 

L’interdit doit être bienveillant, justifié, et expliqué à l’enfant. Il sera d’autant mieux accepté si la relation parent-enfant est basée sur l’affection. L’absence d’interdits, tout comme des interdits trop sévères (enfant soumis à ses parents, par exemple), peuvent entraîner des troubles chez l’enfant. Dire non à son enfant (même si c’est parfois difficile pour les parents) lui permet de se construire une identité, d’apprendre à se socialiser, et à accepter sa frustration.

« Quand un enfant est élevé avec empathie, il ne cherche que rarement à dépasser les règles, les limites, à mettre en difficulté ses parents puisqu’il intègre : “J’ai de l’importance, tu as de l’importance.” » Arnaud Deroo, psychopraticien.

Le modèle du développement parental selon Galinsky 

Comme le développement de l’enfant ne peut s’appréhender sans faire référence aux liens qu’il noue autour de lui dès sa naissance, Galinsky a élaboré un modèle du développement parental. Cela signifie que la parentalité se développe suivant plusieurs étapes. À chacune de ces étapes, les parents doivent remplir des tâches développementales pour que l’enfant puisse se construire convenablement. Si les parents ne mènent pas à bien ces tâches, cela pourrait engendrer des troubles susceptibles de perdurer chez leur enfant. 

  • Au stade des représentations, le bébé est encore dans le ventre de sa mère. Les parents se représentent donc l’enfant à naître : ils l’imaginent d’une certaine façon, ils peuvent avoir des idées bien précises de ce qu’ils veulent qu’il soit ;
  • Au stade de l’attachement (de la naissance à 2 ans), les parents doivent se lier à l’enfant. Cette période d’attachement est plus ou moins facile selon que le bébé ne présente pas de problème particulier ou s’il est malade, est agité, etc. ;
  • Au stade de l’autorité (2 à 5 ans), c’est la période où l’enfant commence à s’opposer à son père et à sa mère, et veut acquérir son autonomie. Les parents doivent lui apporter des repères éducatifs avec les premiers interdits. Cela sera d’autant plus aisé si l’enfant a été correctement sécurisé aux stades précédents ;
  • Au stade de l’ouverture au monde (5 à 12 ans), les parents doivent permettre à leur enfant de s’ouvrir aux autres, d’explorer. Ils lui apportent des valeurs, des bagages suffisants pour qu’il puisse s’intégrer dans d’autres milieux. Encore une fois, plus l’enfant a été sécurisé et mis en confiance par ses parents, plus il lui sera facile de nouer des liens en dehors du cercle familial ;
  • Au stade de l’interdépendance (12 à 18 ans), les jeunes ont tendance à remettre en question l’autorité des parents. Ces derniers doivent alors accepter l’identité que l’adolescent se construit ainsi que ses envies d’autonomisation et de séparation.

L’impact des troubles psychiques des parents sur les enfants  

Nous l’avons vu, pour se développer harmonieusement, les besoins fondamentaux de l’enfant doivent être pris en compte et satisfaits. Un lien d’attachement solide doit se construire entre le bébé et la personne qui s’en occupe. À défaut, les conséquences peuvent être très néfastes. Les pathologies mentales des parents accroissent les risques de maltraitance, de négligence, et de carences graves de soins maternels.

Les problèmes d’attachement créent des carences affectives 

Si le parent ne répond pas au besoin de protection de l’enfant, celui-ci se retrouve fortement perturbé émotionnellement et psychologiquement. Il va alors afficher des comportements d’attachement, à savoir des signes qui montrent qu’il se sent en insécurité : il peut crier, pleurer, se montrer agressif, etc. Mais l’enfant peut aussi avoir l’attitude inverse, en choisissant de se faire tout petit.

Selon Bowlby, si le parent n’apporte pas les soins et le soutien nécessaires à l’enfant pendant longtemps, et lorsque celui-ci est tout-petit, les carences affectives peuvent être irréparables, et nuire à son développement.

Si les liens d’attachement sont instables, cela entraîne une faible estime de soi chez l’enfant, mais aussi un manque de confiance envers les autres. Il se sent dans une insécurité persistante qui l’empêche d’être heureux et d’avancer dans sa vie. 

Les parents souffrant de maladies mentales transmettent une fausse image du monde à leur enfant 

En fonction de leur pathologie, certains parents ont une vision désorganisée et erronée de leur environnement, ils transmettent cette confusion à leur enfant en lui décrivant un monde dangereux, dont il faut se méfier et qu’il faut craindre. Ils lui en donnent une image pessimiste.

L’enfant souffre d’isolement social 

Comment inviter ses amis à la maison lorsqu’on a un parent qui a des comportements étranges, se met à faire une crise de colère sans raison, etc. ? L’enfant a donc tendance à s’isoler pour éviter que les autres sachent quelle souffrance il endure chaque jour, ou pour éviter la honte. Il ne peut partager ce qu’il vit parce qu’il pense que les autres ne le comprendraient pas.  

Les probabilités de développer un trouble mental sont plus importantes pour l’enfant 

Un enfant dont le parent souffre de troubles psychiques risque, à son tour, de développer une maladie mentale.

Des troubles du comportement sont souvent détectés chez les enfants dont un parent a des troubles psychiques 

Un enfant qui souffre de troubles de l’attachement est susceptible d’avoir des problèmes relationnels, car il manque de confiance et ressent des angoisses. S’il ne se sent pas soutenu par ses parents, il peut répondre par des crises de colère, de la violence, etc. Ces comportements peuvent être les prémisses d’un trouble des conduites si les réponses parentales sont inadaptées et négatives. Selon Bowlby, les personnes n’ayant pas été suffisamment sécurisées dans l’enfance ressentent le monde comme une sorte de danger. 

Les traumatismes relationnels précoces sont aussi à l’origine de troubles graves 

L’enfant est victime à répétition d’abus sexuels, de coups, de carences de soins, etc., de la part des parents. Il va développer une grande détresse, de l’angoisse extrême, des troubles somatiques et psychosomatiques, mettre en place des stratégies d’évitement, souffrir de problèmes de communication, etc. Tous ces signes nuisent à la construction de son identité. Ce type de traumatisme peut conduire à une insuffisance du développement intellectuel, des troubles de l’attention, des troubles psychiatriques, etc.

Les troubles psychotiques des parents sont un risque supplémentaire pour l’enfant   

Ce type de trouble fait partie des pathologies les plus sévères. C’est pourquoi les enfants de parents souffrant d’une telle maladie ont un risque accru de développer à leur tour une maladie psychique, surtout s’il s’agit de la mère. Ils risquent également un retard au niveau cognitif, psychomoteur, et émotionnel. 

À la naissance, les mères souffrant de psychoses ont souvent du mal à éprouver de l’empathie pour leur petit et à admettre leur responsabilité parentale. Le bébé est alors peu stimulé du fait de la faiblesse des interactions mère-enfant. Il va donc avoir tendance à ne pas exprimer ses besoins et émotions pour ne pas déranger sa mère. À l’inverse, il peut réagir plus violemment pour attirer l’attention. Le parent ayant des comportements imprévisibles, ce dernier oscille entre attitudes fusionnelles et indifférence, c’est pourquoi le bébé est perdu et apeuré par ces changements et se sent en danger, voire responsable de son parent. Il vit dans une totale insécurité affective. Si l’enfant n’a personne d’autre pour s’occuper de lui et pallier aux défaillances de la mère, il peut être amené à en être séparé à plusieurs reprises (placements).

Un enfant qui vit avec un père ou une mère psychotique peut être amené à privilégier les besoins du parent au détriment des siens. On assiste à une parentification, car il se place dans une posture de protection de son père ou de sa mère.

Ces situations entraînent des problèmes d’angoisse permanente et de dépression, car l’enfant doit constamment faire preuve de prudence face aux changements comportementaux du parent. Il peut se sentir dévalorisé, voire coupable de la maladie de sa mère ou de son père. Il peut aussi choisir de faire preuve d’opposition avec le parent (agressivité, violence, etc.) ou éprouver de la honte vis-à-vis de la personne malade.

Les troubles de la personnalité borderline du parent accroissent le sentiment de confusion chez son enfant  

De nombreux parents souffrant de maladies mentales sont atteints de troubles de la personnalité borderline : comme les personnes malades sont très méfiantes vis-à-vis des autres, elles ont des relations instables et basées sur le conflit. Ces personnes ont souvent été victimes de violences dans l’enfance, ce qui fait qu’elles ne parviennent pas à créer le lien émotionnel avec leur enfant et à lui offrir la protection dont il a besoin. Elles font preuve d’insensibilité et n’arrivent pas à créer le lien, le bébé finit donc par ne plus chercher à entrer en relation avec sa mère. Les besoins de la mère passent avant ceux de son enfant, ce qui fait que le rythme de vie de ce dernier est inadapté. Il a un ainsi un risque important de développer un style d’attachement désorganisé. Concernant l’éducation, les parents atteints de TBB alternent entre laxisme, indifférence ou comportement trop intrusif. Les enfants ont à leur tour un risque important de développer ce trouble. 

Même si les enfants qui ont des parents ayant une maladie mentale sont plus vulnérables, et donc plus susceptibles de développer des troubles psychiques, cela dépend aussi de la personnalité de l’enfant, de ses compétences propres, et de son environnement familial. Si l’autre parent arrive à compenser le manque et à protéger son enfant, les risques sont moindres.

La parentalité chez les personnes souffrant de troubles psychiques 

Le concept de parentalité est apparu dans les années 1960 du fait des nouvelles formes de parentalité. Famille recomposée, famille monoparentale, etc., de nouveaux termes apparaissent. C’est pourquoi la notion de parentalité a été adoptée pour constituer l’élément commun de ces nouvelles formes parentales.

Le Conseil national de soutien à la parentalité a opté pour la définition suivante de la parentalité : « La parentalité est un processus qui conjugue les différentes dimensions de la fonction parentale, matérielle, psychologique, morale, culturelle, sociale. Elle qualifie le lien entre un adulte et un enfant, quelle que soit la structure familiale dans laquelle il s’inscrit, dans le but d’assurer le soin, le développement et l’éducation de l’enfant. Cette relation adulte/enfant suppose un ensemble de fonctions, de droits et d’obligations (morales, matérielles, juridiques, éducatives, culturelles) exercées dans l’intérêt supérieur de l’enfant en vertu d’un lien prévu par le droit (autorité parentale). Elle s’inscrit dans l’environnement social et éducatif où vivent la famille et l’enfant. »

Cette définition montre qu’être parent va au-delà de la simple fonction de géniteur, et que la parentalité a un caractère multidimensionnel étant donné qu’elle s’appuie sur la responsabilité morale, éducative, juridique, culturelle, etc., des parents.

L’impact des troubles psychiques sur le rôle des parents 

De tout temps, les personnes souffrant de maladies psychiques ont eu des enfants. Mais comme ces troubles ont un impact sur les compétences parentales, les professionnels sont confrontés à deux problématiques : d’un côté, il faut faire en sorte que l’enfant reçoive la protection et l’éducation dont il a besoin pour qu’il puisse s’autonomiser et se responsabiliser. De l’autre, il faut reconnaître et mettre en avant les capacités parentales des personnes souffrant de troubles psychiques, à savoir qu’elles peuvent être aussi des parents. 

Il existe aujourd’hui encore une forte stigmatisation des personnes souffrant de troubles mentaux puisqu’elles sont souvent considérées comme inaptes, irresponsables, inadaptées à la société qui les entourent, voire dangereuses. Pourtant, elles ont envie, mais aussi le droit, comme tout le monde, d’avoir des enfants. Mais cette stigmatisation les empêche parfois de demander de l’aide auprès des institutions, car elles refusent de voir la maladie du fait des nombreux rejets dont elles sont victimes.

De nombreux parents atteints de troubles psychiques craignent de ne pas être à la hauteur, de ne pas être suffisamment responsables, se sentent inférieurs aux autres. C’est pourquoi il est essentiel de soutenir la parentalité des personnes souffrantes afin de les aider à développer leurs ressources personnelles.

L’accompagnement à la parentalité des personnes souffrant de troubles psychiques  

Dans le soutien à la parentalité, tout professionnel s’intéresse à la relation parent-enfant. L’objectif est de travailler en partenariat avec le parent pour l’aider à reconnaître ses compétences et à les développer. Il existe de nombreux éléments qui sont susceptibles d’avoir un impact sur l’exercice du rôle parental. Les professionnels doivent en prendre connaissance afin de pouvoir détecter les risques de défaillance des comportements du parent envers son enfant pour pouvoir agir au plus vite.

Les parents souffrant de troubles psychiques ont parfois du mal à solliciter les institutions, car ils ont peur que les professionnels portent un regard négatif sur eux, craignent que leur enfant soit placé, etc.

Évaluer la situation à risque  

Le professionnel qui prend en charge le parent doit évaluer la situation avant de prendre les décisions adéquates. Pour cela, il doit : 

  • Écouter les problématiques du parent, ses souffrances ; 
  • Observer son attitude pour évaluer s’il est disposé à collaborer avec les professionnels ou s’il est plutôt réticent ;
  • Se documenter sur son passé : ses antécédents médicaux, psychiques et sociaux ;
  • Se renseigner si des plaintes ou des signalements ont été déposés contre le parent ;
  • Analyser comment le parent gère son trouble : est-il capable de satisfaire ses besoins fondamentaux ? Est-il suffisamment relié au monde qui l’entoure ?
  • Rechercher si le moment est bien choisi pour démarrer un accompagnement. Dans un souci d’éthique, le professionnel doit respecter les droits et l’intégrité de la personne tout en ayant déterminé les problèmes que celle-ci rencontre ou pourra rencontrer à l’avenir.

Remettre en question ses propres représentations vis-à-vis du handicap psychique 

Le professionnel doit prendre du recul par rapport à ses représentations face à la personne qu’il accompagne. En fonction de sa religion, de son éducation, de sa culture, etc., l’intervenant a sa propre vision du handicap psychique. Il doit donc remettre en question ses propres représentations et rejoindre la vision du monde de son patient pour mieux comprendre comment celui-ci perçoit les choses. Le professionnel doit ainsi s’adapter à l’autre, et laisser de côté les préjugés qu’il pourrait avoir (ressentir de la colère face à un parent qui crie continuellement sur son enfant, par exemple). Il doit accepter l’autre tel qu’il est.

Pratiquer la communication non violente (CNV)  

Cet outil de communication a été développé par le psychologue américain Marshall Rosenberg, et permet de mieux communiquer avec soi-même, mais aussi avec les autres. Il permet d’éviter d’entrer en conflit avec quelqu’un ou de résoudre les différends. La CNV repose sur 4 principes : 

  • Le professionnel observe une situation, mais sans juger l’autre ;
  • Chacun doit pouvoir exprimer son ressenti ;
  • Mais aussi exposer ses besoins ;
  • L’intervenant formule ce qu’il attend de l’autre.

L’objectif est de faire naître une collaboration mutuelle en évitant tout jugement de l’autre.

Adopter les bonnes postures professionnelles 

La fonction de la relation d’aide implique d’avoir une posture professionnelle qui soit bienveillante, sécurisante, et basée sur le respect de la personne accompagnée.  

L’écoute active est une posture essentielle pour pratiquer la communication non violente (CNV). L’écoute active est une posture indispensable pour accompagner utilement les personnes ayant des troubles psychiques (développée par le psychologue américain Carl Rogers). Elle est centrée sur le patient, et nécessite une grande empathie. Ce type d’écoute, qui est non-directif, et basé sur le non-jugement, permet d’acquérir la confiance de la personne accompagnée. Cette dernière doit sentir que le professionnel la respecte, s’intéresse à elle (sans trop s’impliquer émotionnellement), et qu’il se centre sur ses capacités.

L’accompagnant doit se rendre entièrement disponible pour l’autre en l’écoutant de manière très attentive. Ensuite, il doit le questionner pour que la personne précise ses propos, mais le professionnel doit également reformuler ce que la personne lui dit pour être sûr d’avoir bien compris le message.

La posture de l’écoute active permet à la personne souffrante de prendre connaissance des ressources dont elle dispose pour affronter ses problèmes. Cela favorise l’estime de soi, le parent étant alors plus disposé à prendre soin de lui. Il reprend aussi un statut de sujet qui sait faire des choix de vie. Tout professionnel doit être convaincu que le parent qu’il accompagne a le pouvoir de faire appel à ses compétences pour trouver lui-même des solutions à ses problèmes. 

Il existe des obstacles à l’écoute active :

  • Si le professionnel exprime son point de vue : il doit laisser la personne prendre conscience de ses compétences de façon à ce qu’elle parvienne ensuite à résoudre ses problèmes seule ;
  • S’il a des pensées qui viennent perturber son écoute : comme il pense à autre chose, il ne peut mener à bien cette écoute bienveillante ;
  • S’il se montre impatient : le professionnel peut ne pas avoir suffisamment de temps à accorder à son patient, ce qui peut nuire au tissage des liens et à l’acquisition de la confiance ;
  • Si l’intervenant n’est pas à l’écoute de ses propres émotions : il doit prendre en compte les émotions qu’il ressent lors de l’écoute active, car pour pouvoir prendre soin des autres, il doit d’abord prendre soin de lui.

Construire la relation avec le parent  

Pour réussir à tisser des liens avec le parent et que ce dernier accepte d’être soutenu dans sa parentalité, il faut gagner sa confiance. Nous l’avons vu, l’écoute active est un bon outil pour y parvenir. Mais d’autres méthodes existent : 

Il peut être judicieux d’envisager des rencontres en dehors de l’institution dans un premier temps. Cela permet de réduire la méfiance et la réticence de la personne (l’accompagner à un loisir qu’elle a l’habitude de pratiquer, par exemple).

Une fois que la relation entre le professionnel et le parent est solide, et qu’il se sent sécurisé, il est plus à même d’énoncer ses besoins et d’ exprimer une demande. Le parent ne va pas forcément utiliser les mots pour faire comprendre aux professionnels qu’il a besoin d’être accompagné, il peut aussi adopter un certain comportement pour attirer l’attention de l’intervenant.

Le professionnel doit ensuite déterminer le besoin principal du parent : besoin de sécurité si la personne se sent isolée du fait de son trouble psychique, besoin de reprendre confiance en l’entourage, etc. Une fois ce besoin estimé, l’intervenant doit appréhender le moment où il peut intervenir auprès du parent pour lui apporter les réponses dont il a besoin. S’il intervient trop rapidement alors que le parent n’est pas prêt, cela peut aboutir à un échec de ses tentatives pour aller mieux, voire aggraver sa souffrance psychique.

Lorsque le professionnel noue des liens avec un parent en souffrance, il doit accepter de ne pas toujours avoir la réponse immédiate à la problématique rencontrée. C’est pourquoi il ne doit pas hésiter à faire appel à d’autres intervenants susceptibles d’aider la famille. Dans tous les cas, le parent doit être considéré comme un partenaire du professionnel.

Aider le parent à développer ses compétences psychosociales (CPS)  

Selon l’OMS, « Les compétences psychosociales sont la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. C’est l’aptitude d’une personne à maintenir un état de bien-être mental, en adoptant un comportement approprié et positif à l’occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement. »

Amener les parents à développer ces compétences permet d’engendrer des effets positifs sur leur santé mentale, mais aussi sur celle de leurs enfants.

Dix compétences psychosociales ont été identifiées : 

  • Savoir résoudre des problèmes ;
  • Savoir prendre des décisions ;
  • Avoir une pensée créative ;
  • Avoir une pensée critique ;
  • Savoir communiquer efficacement ;
  • Être habile dans les relations interpersonnelles ;
  • Avoir conscience de soi ;
  • Avoir de l’empathie ;
  • Savoir réguler ses émotions ;
  • Savoir gérer son stress.

L’AFEPS (association francophone d’éducation et de promotion de la santé) conseille d’aider les parents à révéler leurs compétences psychosociales en travaillant notamment les points suivants, car ils sont particulièrement bien adaptés au soutien à la parentalité : 

  • Le parent réalise qu’il a des capacités ;
  • Il connaît ses émotions, ses forces et faiblesses personnelles ;
  • Il suscite la collaboration pour résoudre un conflit ;
  • Il gère ses angoisses ;
  • Il maîtrise sa colère ;
  • Il aide son enfant à régler ses difficultés ;
  • Il communique de façon positive et exprime utilement ses attentes ;
  • Il trouve une solution adaptée au type de conflit tout en évitant de punir l’enfant.

Trouver la bonne attitude si le parent en souffrance se montre violent 

Parfois, le parent peut se montrer agité, agressif, violent, et ce, pour plusieurs raisons : il ne comprend pas l’intérêt d’être accompagné, il trouve le professionnel intrusif, etc. Si la personne est agressive, l’intervenant peut encore renouer le dialogue en faisant preuve de bienveillance. Grâce à la parole, il peut accueillir les demandes du parent, sans jugement. La technique de la reformulation est un bon moyen pour le professionnel de montrer au parent que son message a bien été entendu.

Mais si la personne a recours à la violence, elle n’est plus réceptive à la parole, il faut donc à la fois se protéger ainsi que les autres acteurs éventuellement présents. Il faut également mettre le parent en sécurité afin qu’il ne se fasse pas de mal. Si les professionnels de l’institution ne parviennent pas à trouver de soutien, ils peuvent faire appel à des intervenants extérieurs comme les pompiers, la police, etc. Dans tous les cas, il est essentiel de chercher à apaiser la situation en favorisant la coopération.

Accorder une importance au travail en équipe  

Souvent, le parent en souffrance est pris en charge par plusieurs professionnels afin de parfaire son accompagnement. C’est pourquoi, lorsqu’un intervenant rencontre des difficultés, il ne doit pas hésiter à se confier à l’équipe pluridisciplinaire. Celle-ci doit représenter un soutien dans les moments difficiles. Le professionnel peut exprimer ce qu’il ressent, et prendre du recul par rapport à la situation problématique.

Si les décisions sont prises collectivement, cela allège le poids de la responsabilité pour le professionnel, surtout quand celles-ci sont lourdes (placement de l’enfant, hospitalisation du parent en soins psychiatriques, etc.). C’est pourquoi la cohésion des équipes est essentielle.

Participer au travail en réseau 

Le travail en réseau permet aux différents professionnels de prendre ensemble les meilleures décisions possibles pour le parent accompagné, de coordonner leurs actions, et d’améliorer le suivi des accompagnements. Élargir son réseau aux autres institutions permet de prendre connaissance des missions et compétences d’une pluralité d’acteurs, ce qui permet de garder le lien et de pouvoir réfléchir ensemble à des solutions efficaces lorsque des problématiques apparaissent.

À titre d’exemple, les services d’accompagnement et de soutien à la parentalité (SASP) ont notamment pour objectif de mettre en valeur les compétences parentales. L’accompagnement à la parentalité prend la forme d’une aide éducative concernant la vie quotidienne (ménage, courses, gestion du budget, préparation des repas, etc.), une aide concernant les mesures de prise en charge de l’enfant (soins médicaux, suivi scolaire, mise en sécurité, etc.), un soutien moral, un accompagnement lié à la naissance de l’enfant (organisation du logement, matériel nécessaire pour le bébé, etc.).

Les lieux d’accueil enfants-parents (LAEP) accueillent les familles pour qu’elles puissent faire part de leurs difficultés. L’objectif est de prévenir les maltraitances, d’aider les parents à renforcer le lien avec leur enfant, etc.

En travaillant collectivement, chacun peut exposer son approche face à une situation donnée, et c’est en confrontant les différents points de vue que les professionnels peuvent faire des choix concrets et adaptés à la personne prise en charge.

Se former pour accompagner efficacement à la parentalité 

Les professionnels du secteur social et médico-social ont besoin d’être soutenus et formés en continu pour pouvoir parfaire leurs accompagnements. Les troubles psychiques prennent des formes si diverses qu’il est essentiel d’avoir des repères pour pouvoir les détecter. En fonction du type de maladie mentale, le professionnel est mieux à même de comprendre quels en sont les impacts sur la fonction parentale. Il peut ainsi accompagner efficacement le parent pour que ce dernier prenne conscience de ses ressources et les utilise au mieux pour prendre soin de son enfant. En effet, la maladie psychique d’un parent est susceptible d’avoir de lourdes conséquences sur le développement d’un enfant, c’est pourquoi la prise en charge doit pouvoir se faire rapidement.

 

Epsilon Melia allie toujours la théorie et la pratique au sein de ses formations. Les notions théoriques sont apportées par un psychologue clinicien. Des exercices de théâtre sont ensuite proposés aux stagiaires afin que chacun puisse prendre de la distance par rapport à sa pratique professionnelle. La gestion des émotions fait également partie des objectifs de la formation puisque des exercices ont pour but d’aider le professionnel à ne pas se laisser déborder par ses angoisses. Ces moments d’échanges sont basés sur l’empathie, le non-jugement, et le respect mutuel.